Dans les coulisses de la GT Academy 2013

12h. Pluie, froid, humour pince sans rire. Nous sommes bien à Londres Heathrow. 14h. Camp aux allures militaires : grands espaces quadrillés par des grillages, voitures de course, containers appelés "Snooze box" en guise de chambre d'hôtel, simulateurs, pilotes exclusivement masculins... Nous découvrons le circuit de Silverstone et ses annexes où va se dérouler la finale européenne de la GT Academy 2013. Pas de femme à l'horizon : "Aucune ne parvient à se qualifier au jeu vidéo Gran Turismo", nous explique Joël Cincinnatus, 20 ans, qui vient juste de se faire éliminer et a bien du mal à cacher sa déception derrière ses dreads locks. Plus de 765 000 joueurs issus de 16 pays européens ont participé cette année à la GT Academy, jouant sur une démo spéciale du prochain Gran Turismo®6 pour PlayStation®3. Ensuite, la 5ème édition de la GT Academy, basée sur le célèbre circuit de Silverstone, a réuni le nombre record de 42 joueurs de haut niveau, tous prêts à passer du virtuel au réel. Comment expliquer qu'aucune femme ne se soit qualifiée puisque nous ne mettons pas notre vie en jeu sur un simulateur ? Jérémy Bouteloup, jeune pilote français encore en lice de 21 ans, a son idée : "Les jeux vidéo auto restent une  passion très masculine. Il faut passer des heures à jouer et je ne suis pas certain que les filles aiment assez ça pour s'entraîner sans répit". Tiffany Chittenden, championne de Kart qualifiée pour les finales mondiales en 2007, pense qu'il faut "que les femmes arrêtent de se dire que c'est juste un sport de mecs et que la voiture ne sachant pas qui la conduit, cela n'a rien à voir avec le sexe".

23h. Les trois pilotes qui ont survécu à des tonnes d'épreuves techniques, physiques, psychologiques... discutent autour d'une table et s'apprêtent à aller dormir dans leur "Snooze box" développée par David Coulthard. "On dispose d'un lit très confortable, d'une télé et d'une douche dans un tout petit espace, confie Joël. C'est chouette comme concept. On dort vraiment bien". 

8h. Pendant que les meilleurs joueurs Européen de Gran Turismo qui ne deviendront pas pilotes sur une vraie voiture de course ont bien du mal à accepter que leur unique chance soit passée, de nouvelles manches cruciales se déroulent pour les pilotes qualifiés. Nous les regardons tourner en monoplace et je note la corrélation incroyable qui existe entre le jeu vidéo Gran Turismo et le pilotage réel : ces garçons qui n'avaient encore jamais conduit une voiture sur circuit, sont aussi à l'aise que de véritables pilotes ! Pour en avoir le coeur net, je me dirige vers un simulateur et après de longues minutes pour régler correctement ma Nissan GT-R Nismo, je tente un chrono. Malgré les aides et le tracé apparant pour optimiser les trajectoires, je suis à 20 secondes des bloggeurs mâles et quasi une minute des 20 meilleurs Français... "C'est pas si mal, m'encourage Laurent du magazine Video Gamer. Il faut juste enlever toutes les aides, jouer pieds nus ou en chaussettes et t'entraîner". S'il le dit...

11h. Pendant que se joue l'avant dernière manche pour savoir qui de Jérémy Bouteloup, Adrien de Monte et Judicaël Lagrange va représenter la France, me voici dans le Nismo Lab où se trouvent des machines incroyables à plusieurs milliers d'euros. A commencer par un simulateur qui enregistre tout, notamment l'endroit exact où se pose notre regard. Je découvre également un pèse personnes très élaboré capable de dire dans quel membre il faut perdre un peu de graisse et où se trouve le plus de muscles... Tout cela accompagné d'un programme personnalisé pour devenir un athlète parfait. Au passage, j'ai appris que les pilotes professionnels dépassaient rarement les 1.70 mètres car il faut être léger comme un jockey pour aller vite à bord d'une voiture de course...

12h. Epreuve pratique pour les journalistes. Je me retrouve dans une 370Z Nismo. Le volant est à droite. Je dois donc passer les vitesses avec la main gauche ! "Clutch Charlotte !". Il me faut un petit temps d'adaptation pour éviter de passer la 6ème à la place de la 4ème dans la ligne droite du circuit. Je roule déjà mieux que sur la Playstation Gran Turismo. Ca me rassure légérement.
13h. Nous apprenons que c'est Jérémy Bouteloup, étudiant de 21 ans, qui participera à la finale. Chose amusante : la GT Academy étant encore assez peu médiatisée dans l'univers automobile (seuls l'Equipe TV, Caradisiac et le Journal des Femmes se trouvaient sur les lieux), je pouvais discuter et soutenir sans problème nos pilotes français. Une dimension humaine et très sympa. Deux manches ont suffi pour éliminer trois pilotes (Minh Tuan Nguyen (Italie), Jérémy Bouteloup (France) et Petr DoleÅŸal (République Tchèque)), laissant Miguel, Romain Delva (Belgique), Filip Larsson (Suède) et Adam Suswillo (Grande Bretagne) en lice pour une dernière épreuve à quatre. Romain prend la tête de la course pendant le premier tour, mais un tête-à-queue sur la piste mouillée le relègue en dernière position. Le pilote portugais saisi sa chance, il résiste à une dernière charge d'Adam Suswillo et remporte la course. Après une courte délibération du jury de la GT Academy, c'est finalement Miguel qui a été titré Champion. Il retournera à Silverstone en octobre pour entamer son programme d'entraînement intensif aux côtés des gagnants des Camps d'entrainement allemand, russe et nord-américain.

L'an prochain, j'espère que des filles se qualifieront à la GT Academy 2014. Mesdames, à vos manettes ! Pour ma part, je compte investir dans un siège baquet et un volant : je n'ai pas dit mon dernier mot...

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