Je suis jalouse, mais je me soigne Une sorte d'addiction masochiste

Pour éviter tout malentendu par rapport à ce qui va suivre, précisons-le d'emblée : la jalousie est une véritable souffrance. Elle empêche d'être complètement détendu, de vivre pleinement de précieux moments de bonheur, bref : elle constitue un frein au bien-être de celui qui la ressent. Pourtant, celui ou celle qui en est victime ne peut pas s'empêcher de l'être et d'agir en conséquence, comme si elle en avait "besoin" : on s'approche du schéma classique de l'addiction. La souffrance est accompagnée d'une sorte de plaisir en demi-teinte.

Caroline Kruse précise ce phénomène : "La jalousie amoureuse est une passion. Comme toutes les passions, elle transporte, elle emporte celui qui l'éprouve dans un état où, à la souffrance, se mêle une excitation pulsionnelle forte."

Une fois la jalousie installée, le phénomène d'addiction se précise et fait son œuvre : "On sait qu'on ne devrait pas s'y livrer, qu'on ne devrait pas se lancer dans les reproches, les contrôles, la crise jalouse. On le sait, on le sent, mais on ne parvient pas à s'en empêcher et on y trouve même une sorte de soulagement amer."

Réactiver la souffrance

Pire : quand le jaloux ne trouve pas de raison présente d'en vouloir à son conjoint dans l'immédiat, il peut ressortir les vieux dossiers, histoire de bien "remuer le couteau dans la plaie" : "Le jaloux cherche à réactiver la souffrance endormie en relisant les lettres, en se représentant les scènes. (...) C'est très difficile à dire à une personne jalouse, qui est en souffrance, mais cette pratique relève d'une sorte de masochisme, il y a une forme de jouissance à se faire ainsi du mal."

Jouissance qui se prolonge d'ailleurs quand on découvre que oui, on avait bien raison de la soupçonner. "Au-delà de la réelle blessure narcissique, on obtient enfin la preuve que l'on cherchait", explique Caroline Kruse.

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