Chéri faut qu'on parle... et si je t'envoyais un mail ?

Une vraie mise au point
"Le mail est un très bon moyen de communiquer avec son partenaire car l’écriture permet de mettre ses émotions à distance", explique Audrey Akoun, psychothérapeute positive. Poser les mots sur papier offre une vraie prise de recul, nous pouvons alors mettre au clair tout ce que nous ressentons et voulons transmettre à l’autre. Nous comprenons mieux la situation. Léa Faytre, fondatrice du concept Parler d'Amour lancé il y a un an, écrit des lettres d’amour – le plus souvent de rupture – à tous celles et ceux qui cherchent leurs mots et ne parviennent pas à exprimer leur sentiment. Souvent, Léa Faytre est confrontée à des lettres qui "font le point". "L’avantage de l’écrit, c’est de prendre de la hauteur. Ainsi, on peut parfois réaliser que le problème vient de nous-même. Il y a quelques semaines, j’ai écrit une lettre de colère pour une femme qui en voulait à son mari de trop sortir. Quand je lui ai envoyé sa lettre, elle m’a dit ‘en fait, en lisant votre lettre Léa, je m’aperçois que je suis très jalouse, je dois régler ce problème avec moi-même." Quoiqu’il arrive, même si on décide de ne pas envoyer notre mail, l’écriture aura été un exercice utile à notre relation.

Une bonne alternative au face à face
Audrey Akoun confie que dans sa clientèle, des personnes refusent de discuter avec leur partenaire du moindre souci, de peur de pleurer, de crier, de ne pas pouvoir en placer une… On craint d’être impulsive. D’autres, au contraire, redoutent d’amoindrir leur ressenti ou n’osent tout simplement pas ouvrir un sujet délicat avec le partenaire. Coraline, elle, a tendance à écrire des mails à son conjoint car elle appréhende de se "dégonfler" face à lui : "J’avais tellement peur de lui dire que j’étais triste du fait qu’il ne me présente pas à son entourage au bout d’un an de relation que je me voyais déjà faire marche arrière face à lui, ou bien en rire, ou encore lui dire que ce n’était pas grave. Or ça me pesait, il ne fallait pas le négliger. Le mail a été la bonne alternative et nous avons pu en discuter en face à face calmement."

Du temps utile à la réflexion
Le mail a l’avantage d’être instantané. Vous en avez gros sur la patate, vous voulez que l’autre le sache et tout de suite. Parfait, vous pouvez écrire maintenant – sans être coupée – et envoyer de suite vos propos. L’autre, de son côté, pourra prendre le temps de lire, relire, se poser les bonnes questions, préparer une discussion. Le mail ne s'envolera pas, il pourra être imprimé. Léa propose même dans son service de faire recopier les lettres sur papier par une calligraphe professionnelle. "Garder une lettre avec soi permet de la relire, d'y réfléchir... c'est d'autant plus favorable au couple", précise Léa Faytre. Eléonore, 30 ans, a choisi de passer par mail une fois avec son partenaire, car le dialogue avait du mal à se créer, ou s’était déjà trop créé. Elle a essayé plusieurs fois d’exprimer à son homme sa tristesse quant à son absence perpétuelle à cause du boulot : "J’ai toujours eu l’impression qu’il ne comprenait pas, alors j’ai écrit. En quelques mots, il a enfin compris. Il a eu le temps d'examiner mes propos, de comprendre mon état... loin de nos conversations vives et incessantes."

Le mail amorce la discussion
"Un mail peut préparer le terrain, amorcer la discussion. Le face à face peut ensuite avoir lieu avec plus de tranquillité, car on ne l’évitera pas", note Audrey Akoun. Comme le souligne Léa Faytre, "l’avantage de l’écrit, c’est aussi de pouvoir proposer des solutions". Une fois face à son compagnon, la lettre sert de support et nous voilà au calme pour faire le point, chercher des axes de progression pour que le couple se porte mieux. "On peut discuter sereinement sans craindre que des mots blessants ne sortent", conclut Léa. Il y a en effet de fortes chances que la discussion soit posée. Entre l'écriture réfléchie de l'un et la lecture attentive de l'autre, le couple a tous les éléments pour avancer. L'essentiel a été dit, on entre alors en phase de progès et de gros câlins.

Quelques règles à suivre avant de se lancer
Audrey Akoun suggère de ne pas faire "trop long" si on veut être lu jusqu’au bout. Il faut aller à l’essentiel. Ensuite, on pense à être dans la communication non violente, comme pour les face-à-face : on explique les faits, nos sentiments, nos besoins et on évite les reproches à tout-va et le "tu" accusateur. "Quelqu’un à qui on fait des reproches n’est pas disposé à se remettre en question", rappelle Audrey Akoun. Sinon, on passe par une professionnelle, comme Léa Faytre.