Psy: est-ce que je dis à mon mec que je suis une thérapie ?

Pourquoi je me pose la question ?
Si certaines personnes racontent aller voir un psy comme elles vont faire les courses ou du poney, d’autres vont "voir quelqu’un" et considèrent encore cette démarche comme taboue. Et d’autant plus face à un proche avec qui une relation se noue. "Une relation fonctionne bien quand on expose à l’autre à des choses auxquelles il peut adhérer, nous explique Patricia Delahaie, psychosociologue. Etre trop différents, c’est prendre le risque de s’éloigner. Voilà pourquoi on cache le fait d’aller voir un psy, peut-être même un coach de vie ou une voyante : la peur de passer pour une barge, une faible, un incapable... Lorsqu’on est dans une relation plus établie, on prend moins de risques à confier à l’autre sa démarche. Beaucoup de liens sont tissés et nous sommes en confiance."

Ma part de jardin secret
Si craindre le regard des autres est un fait, l’essentiel est d'être en accord avec son propre regard. Dès lors que je vais voir un psy de manière assurée, persuadée que cette démarche et ce travail sur moi-même sont nécessaires, je reste dans ma propre bulle et me fais du bien. Autrement dit, être fière de mon jardin secret, c'est me conforter dans l'idée que je suis aucunement obligée de l'ouvrir à quiconque, même pas à mon mec avec qui je partage une intimité. Aller voir un psy m’appartient, cela fait partie de mon monde. Oui, je dis à mon mec que tous les mardis soirs je vois Marion, il trouve que j’aime beaucoup Marion, peu importe, je ne cache rien, je m'occupe simplement de moi. De plus, je sais que cela a des répercussions positives sur mon couple, pour deux raisons : d’abord parce que je suis mieux dans mes pompes, ensuite parce que je ne bassine pas mon mec avec mes histoires. Pourquoi dévoiler... "mes sources" ?

Et si cela rassurait mon homme ?
"Il peut être bon de confier à son homme que l’on voie un psy quand c’est lui qui joue le rôle en temps normal" conseille l’experte. En effet, notre homme n’est pas notre psy et on a parfois tendance à déverser sur lui nos tracas. "Ecouter déverser n’est pas une preuve d’amour, souligne Patricia Delahaie. On peut alléger sa relation en consultant une personne faite pour ça". Raconter à notre mec nos soucis avec notre mère toute la journée n’est pas une bonne idée et il ne sera que soulagé d’apprendre qu’un tiers nous aide à démêler nos mille nœuds. Idem dès lors que notre souci impacte notre couple. Par exemple, une angoissée de l’abandon, qui demande sans arrêt à son homme d’être rassuré quant à son amour, peut soulager son compagnon en lui disant qu’elle règle cela avec un professionnel. C’est une façon de décharger son homme.

Mon mec et le psy, une belle entente ?
Si je tiens à lui dévoiler les dessous de mon emploi du temps, je tâte tout de même le rapport que mon mec entretient avec les psys. "Si lui voit un psy ou en a déjà vu un, il est aisé de lui dire, commente Patricia Delahaie. Au contraire, s’il brandit que les psys ne sont que des charlatans, s’il pense que ce n’est que de l’argent mis par les fenêtres ou si encore il n’est pas très tolérant quant aux faiblesses des uns des autres, on préféra se taire". Il serait dommage que notre initiative et notre besoin de consulter soient la cause d’un désaccord de couple alors que cette démarche est solitaire et personnelle. Le plus important reste donc de penser à soi, son besoin, en premier lieu, comme on l’a fait lorsque l’on a décroché son téléphone pour prendre rendez-vous. L’autre ne fait partie de l’équation dès lors qu’il ne parasite pas notre initiative. Et s’il le fait, cela ne veut pas dire qu’il ne nous aime pas, juste qu’il ne fonctionne pas comme nous

Merci à Patricia Delahaie, auteure de Comment garder le moral même par temps de crise, chez Livre de Poche. www.patriciadelahaie.com