Elodie a connu son premier orgasme à 36 ans : "Je ne savais même pas que ça existait…"

Élodie a aujourd'hui 42 ans. Il y a six ans, elle a joui pour la première fois dans les bras d'un homme. Une nouveauté et une surprise pour cette femme qui ignorait tout de l'orgasme. Depuis, elle connaît mieux son corps et ne se lasse pas de l'explorer. Elle se confie.

Elodie a connu son premier orgasme à 36 ans : "Je ne savais même pas que ça existait…"
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J'ai eu mon premier rapport sexuel à 15 ans et demi, avec mon premier grand amour. Nous sommes restés quelques années ensemble. J'ai connu d'autres hommes à l'adolescence puis à l'âge adulte. A leurs côtés, j'ai toujours pris du plaisir au lit. Ce que j'ignorais, c'est que je n'avais pas d'orgasme. Seulement, je ne savais pas que ça existait. Je ne ressentais alors aucun manque, aucune frustration. Jusqu'au jour où je suis tombée sur lui. En personne. J'avais 36 ans.

"C'est dingue à dire, mais j'ai vécu des années dans l'ignorance"

Bien sûr, j'avais déjà entendu le terme d'orgasme sans savoir ce qu'il recouvrait. J'imaginais qu'il était question de plaisir intense. Et comme l'intensité est une affaire de perception, je ne voyais pas le problème. J'associais l'orgasme à la montée d'adrénaline progressive que le sexe provoquait chez moi tout au long du rapport.

Aujourd'hui, c'est drôle, mais j'ai du mal à comprendre comment j'ai pu penser qu'il s'agissait de cela. Je ne lisais rien à ce sujet. Avec mes copines, on n'en parlait pas. Je n'ai jamais su ce qu'elles vivaient au lit. Disons que nous étions pleines de pudeur. Rien ne me mettait la puce à l'oreille et ne me laissait croire à davantage. Il est arrivé que certains hommes me disent : "Tu dois être frigide parce que d'habitude, les femmes montent aux rideaux avec moi." Prétention, mensonge, maladresse ? Moi, je me disais simplement que je ne m'étais pas assez exprimée, non pas que je n'avais pas joui.

Je connaissais mal mon corps. Je ne me masturbais pas car ayant (maladroitement) essayé sans en retirer grand-chose, je n'y voyais aucun intérêt à l'époque. C'est dingue à dire, mais j'ai vécu des années dans l'ignorance. Aurait-il mieux fallu que je me renseigne et cherche l'orgasme, au risque de me mettre la pression ? Je ne sais pas. En tout cas, il a fini par venir à moi.

"J'ai eu l'impression d'être foudroyée"

C'était il y six ans, avec un partenaire dix ans plus jeune que moi. Au départ, je ne voulais pas avoir de relation avec lui bien que le trouvant fort charmant. Je me disais que je n'avais pas envie d'un petit jeune sans doute inexpérimenté.

C'était chez moi, après un repas un peu arrosé. On se sentait bien, désinhibés. Et je n'attendais pas grand-chose de plus qu'un bon moment. Je me suis laissé aller. Pourquoi un orgasme ce soir-là, avec lui ? Je pense sincèrement que cet homme avait deux qualités indéniables : il connaissait très bien le corps des femmes (mieux que moi-même) et son principal souci était le plaisir de sa partenaire. Je lui ai d'ailleurs avoué que c'était mon premier orgasme et il était très heureux de me l'avoir offert.

Je ne guettais rien et évidemment, je ne m'attendais à rien. Et puis, j'ai eu l'impression d'être foudroyée. J'ai cru que mon cerveau allait cramer tellement c'était bon et… inconnu. Mon corps entier tremblait, je ne contrôlais plus rien, sans bien comprendre ce qu'il se passait. Mais rapidement, ça m'a semblé évident : c'était donc ça. Et puis, j'ai eu envie de dormir.

Après cet épisode, ma plus grande crainte a très vite été : "Et si je ne ressentais plus jamais cela ?"

"Une femme ne peut pas attendre d'un homme qu'il connaisse mieux qu'elle son propre corps"

En réalité ça m'a donné envie de recommencer, mais aussi de m'explorer en solitaire. Il ne fallait pas que ça s'arrête ! J'ai eu d'autres orgasmes, avec ce même partenaire ou en me masturbant. Et presque à tous les coups. Comme si j'avais découvert mon corps en l'espace d'une soirée. Je n'en revenais pas. Depuis – ça fait six ans – chaque orgasme me paraît plus fou que le précédent. Tout simplement parce que je connais mon corps. Et j'ai compris quelque chose d'essentiel : une femme ne peut pas attendre d'un homme qu'il connaisse mieux qu'elle son propre corps. Il est nécessaire de partir à sa rencontre, moi qui ai attendu qu'un homme m'invite à le faire.

Récemment, j'ai eu un amant régulier. La première fois, il m'a fait un cunnilingus qui ne m'a procuré aucun effet. Pareil, la deuxième fois. J'ai osé le guider et lui dire. Non pas ce qu'il fallait faire, mais ce que j'aimais. Et c'était dingue.

"Je réalise combien l'orgasme est source de pression"

Je pense que l'on peut vivre sans orgasme si on ne sait pas ce que c'est (rires). Mais une fois qu'on le sait… Pourquoi s'en passer ? En revanche, il ne faut pas oublier que ça se construit à deux et que parfois, les corps mettent un peu de temps à s'apprivoiser. Maintenant que je lis beaucoup d'articles et de livres concernant la sexualité, je réalise combien l'orgasme est source de pression.
Les mecs se sentent obligés de bander, de ne pas éjaculer trop vite. J'ai eu des amants qui pensaient qu'on ne se reverrait pas parce que je n'avais pas joui la première fois. C'est dommage que l'orgasme devienne aussi central, même si c'est un fabuleux cadeau de la nature. J'ai envie de dire à toutes les femmes qui n'ont jamais connu l'orgasme que tout peut arriver et que partir en quête de cette jouissance en se mettant la pression n'est pas une bonne chose. C'est plutôt une question de temps, d'exploration, et de rencontres.