"Il m'a demandé de le pénétrer avec mon gode", Julie, 30 ans, raconte...

Julie et Mathias, 30 ans, sont restés ensemble quatre ans. Un jour, Mathias a demandé à Julie de le pénétrer avec un gode. Une pratique qui a amené le couple sur un nouveau terrain sexuel. Pour nous, elle revient sur cette expérience et ce qu'elle a appris. Confidences.

"Il m'a demandé de le pénétrer avec mon gode", Julie, 30 ans, raconte...
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Mathias et moi avons été en couple pendant quatre ans. Je dirais que le mot qui a le plus caractérisé notre histoire est la complicité. Dès les premiers rendez-vous, nous étions très à l'aise l'un avec l'autre. Au lit, même combat, c'était sans filtre. Le sexe entre nous n'était pas tabou, on parlait de ce que l'on aimait et n'aimait pas. Il m'a confié au bout de six mois avoir testé une relation homosexuelle et aussi des rapports sadomasos avant de me connaître. Il avait cette envie de mourir moins bête, de découvrir des nouvelles sensations, pour savoir quelles pratiques lui plaisaient ou non. Cela ne m'a jamais choquée, au contraire. J'aimais son caractère aventurier, même si avec moi les rapports étaient ordinaires. Il assumait totalement son passé, ça lui concédait une certaine puissance érotique qui me charmait.

"Un soir, il m'a invitée à le sodomiser avec mon gode"

J'avais plusieurs godes chez moi et on jouait avec. Un soir, en plein acte, il en a saisi un, avec ma main, et m'a montré la direction... Il voulait que je le sodomise ! Nous étions ensemble depuis deux ans. Je lui avais déjà mis des doigts, mais entre les doigts et l'objet, il y a un monde à mes yeux. Ce n'est pas pareil, on est dans la pénétration, et non plus dans le geste discret qui explore tout en retenue. Le gode, c'est voulu, annoncé, la balade n'est plus approximative.

Je ne m'y attendais pas, même si je connaissais son côté sans limite. Sa demande m'a semblé irréaliste, parce que dans notre couple, c'était lui le dominateur. J'ai toujours aimé être soumise, et c'est comme ça qu'on fonctionnait. Cette pratique allait inverser les rôles. Mon schéma vrillait. Mais je me suis lancée pour lui, parce que nous étions très intimes, que je l'aimais et respectais son besoin de découverte.

Mathias était allongé sur le dos. Il a fermé les yeux et savouré. Je n'ai jamais pensé que son plaisir révélait une homosexualité refoulée. J'oscillais entre le choc et l'admiration. D'une part, je vivais une scène improbable, de l'autre je me disais qu'il était courageux et qu'il avait raison d'oser. C'était, et c'est toujours, un mec sûr de lui qui se fiche des conventions et dont l'ouverture d'esprit est immense.

"S'il avait été à quatre pattes, ça aurait été plus difficile pour moi"

Cependant, s'il avait été à quatre pattes, j'aurais certainement manqué d'audace. Je n'aurais pas voulu le voir plus soumis qu'il ne l'était déjà. Le geste de pénétration me faisait tout drôle. C'est un geste d'homme pour moi, et même si je l'avais déjà expérimenté en me masturbant, cela n'a rien à voir. J'étais quelqu'un d'autre, j'étais celle qui décidait du rythme, du mouvement… Et c'est là que je me suis aperçue à quel point le pénis est signe de pouvoir. J'entrais dans le camp des dominateurs, moi qui n'aimais pas ce rôle. Dans mes souvenirs, ça a duré deux minutes puis le rapport a continué. Mon excitation n'avait pas dégringolé mais n'avait pas atteint de nouveaux sommets. J'étais trop perturbée pour apprécier cette pratique dans une simple dimension de partage et de plaisir sexuel.

Cela n'a pas changé mon regard sur lui. Mais demain, n'importe quel mec me solliciterait de la sorte que je fuirais ! Cette pratique, selon moi, demande beaucoup de complicité et de confiance. Elle ne s'improvise pas, et paradoxalement, elle est difficile de prévoir. Ça dépend de l'excitation, de l'état d'esprit de chacun… C'est un moment M.

Je me souviens avoir été dans la salle-de-bain après et m'être regardée dans la glace en me disant : mais qu'est-ce que je viens de faire ? J'avais les larmes aux yeux, j'étais déboussolée. On en a parlé après, il m'a rassurée et il avait adoré ça. Je lui ai demandé s'il voulait le refaire. C'était oui, si l'occasion se présentait. Elle s'est représentée quatre fois. Je l'ai de mieux en mieux vécu, disons qu'une fois passé le stade de la surprise, tout était plus simple et je trouvais ça excitant. Cependant, c'est toujours lui qui m'a guidée, jamais moi qui me suis aventurée. J'attendais son signal.

"Quand on envisageait le gode ceinture, j'avais du mal à m'imaginer pénétrante"

On a évoqué l'utilisation d'un gode ceinture en vue de pratiquer le chevillage. J'avais plusieurs blocages. L'idée d'être pénétrante, avec mon corps entier, en donnant des coups de reins, me faisait peur. J'imaginais tout de suite une levrette et le rapport serait trop inversé. J'allais tenir Mathias et me positionner physiquement comme dominatrice. De plus, acheter un gode ceinture revenait à prévoir le moment. Il aurait fallu qu'un gode tombe du ciel et que, comme la fois précédente, pris dans l'ambiance, on essaie.

Ce n'est pas arrivé parce que les godes ceinture ne tombent pas du ciel. Cependant, si Mathias s'en était procuré un et m'avait entraînée sur ce terrain, je l'aurais fait. J'aurais réalisé son fantasme jusqu'au bout, par amour. Mais j'ignore comment je l'aurais vécu. Que peut-on ressentir en tant que femme qui voit son homme à sa propre place ?

J'y pensais, ça pouvait arriver un jour ou l'autre, ça m'effrayait un peu. Mais nous nous sommes séparés avant. Rien à voir avec le sexe, mais nous étions devenus amis. Je le vois encore et le place sur un piédestal. Pour moi, ce mec est grand. Je suis fière d'avoir partagé cette expérience avec lui. J'ai appris de cette pratique, et plus généralement du caractère de Mathias, qu'il était nécessaire d'aller à la rencontre de ses désirs et de vivre le sexe comme on l'entend. Je n'ai plus peur des quand dira-t-on, au lit comme dans le quotidien.