Ne pas avoir de fantasmes sexuels, est-ce possible ?

Ne pas rêver d'une longue étreinte dans les bras d'un médecin en blouse blanche dans un bungalow vue sur mer et menottes aux poignets, ça en inquiète certaines. Mais est-il nécessaire de se ronger les ongles à ce sujet ? Les fantasmes sont-ils importants et peut-on vivre sans ? Eléments de réponses.

Ne pas avoir de fantasmes sexuels, est-ce possible ?
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Domination, lieux interdits, George Clooney, ascenseur, musicos… Les fantasmes les plus courants, que l'on retrouve notamment dans l'étude Ce que les femmes préfèrent menée par le gynécologue Sylvain Mimoun en 2008, ne parlent pas à toutes. Si 96 % des Françaises avouaient avoir des fantasmes, toujours dans cette même étude, 16 % répondaient "rarement". Carole, 30 ans, se situerait plutôt dans la case "rarement mais pas du tout en fait". Elle avoue ne jamais penser à ce genre de scenarii. L'idée d'une plage déserte et d'une star pour l'accompagner, c'est gentil mais ça ne lui fait rien. "Parfois je me demande si je suis normale, parce que je n'ai aucun fantasme", confie-t-elle. Mais que Carole se rassure, elle est tout à fait normale et pour une vraie et bonne raison : "Tout le monde fantasme, mais tout le monde ne le sait pas", répond Sophie Cadalen, auteure de Rêves de femmes, ce que nos fantasmes disent de nous aux éditions Leduc.s, en guise d'introduction.

Pourquoi ne parvient-on pas toujours à identifier ses fantasmes ?

Les fantasmes peuvent bien souvent être déguisés, voire inconscients. Autrement dit, on fantasme mais on l'ignore complètement : "La plupart des fantasmes nous traversent si brièvement que nous n'avons pas le temps de les repérer comme tels. Se dire de quelqu'un que l'on a rencontré 'tiens, il est sympa' peut être chargé d'images fantasmatiques et de désir aussi vite refoulés qu'ils sont apparus", nous apprend la spécialiste Sophie Cadalen. De plus, les scenarii alambiqués ne sont pas le lot de tous, ce qui expliquerait que l'on ne se retrouve pas toujours dans ces fantasmes brandis et que l'on ne définit pas certaines envies comme des fantasmes. "Avoir envie de sécher le travail peut-être un fantasme d'inattendu, de jouissance non prévisible, une envie de déranger le cours des choses, y compris au niveau sexuel. Tout est prétexte à fantasme", poursuit Sophie Cadalen. D'accord, mais dans ces cas-là, faut-il s'évertuer à identifier nos fantasmes ?

Partir à la recherche de ses fantasmes pour une vie sexuelle plus épanouie ?

"Nous n'avons aucun devoir, aucune obligation vis-à-vis de nos fantasmes" précise Sophie Cadalen. Les identifier n'est pas nécessaire et n'est pas une condition sine qua non à une vie sexuelle épanouie. Si nos fantasmes nous apparaissent, tant mieux, ils peuvent être source d'imagination et d'excitation, tant que l'on accepte les images qui s'invitent sans se juger et craindre un passage à l'acte. "Les fantasmes ne sont pas à prendre au mot et ne sont pas l'expression de ce que l'on voudrait être", rassure la spécialiste. Mais lorsqu'ils sont discrets et bien cachés, il est tout autant inutile de s'en faire et de se demander si l'on est normale. Car c'est là que notre vie sexuelle se prendra les pieds dans le tapis. "Le désir sexuel risque de s'en trouver brider si l'on se croit obligé d'avoir des fantasmes, de les raconter, comme une preuve à donner de notre bonne santé sexuelle. Ce qui contrarie et freine le désir ce sont les injonctions, les normes dans lesquelles celui-ci devrait s'inscrire, quand justement le désir et la sexualité, et donc les fantasmes, échappent à toute normalité", indique la spécialiste.

La clé, c'est donc ne pas partir en recherche, mais plutôt de laisser vivre, car comme le précise Sophie Cadalen, nos fantasmes évoluent avec le temps. "On peut, au fil des années et de notre vécu, accueillir avec de moins en moins d'appréhension ce qui s'agite en nous, avoir l'impression de fantasmer davantage, ou du moins d'en être plus conscient." On le sait, en matière de sexualité, l'essentiel n'est-il pas de se laisser surprendre ?