C'est quoi le bondage ? Quel plaisir ? Règles ?

S'attacher pour mieux se toucher, ressentir de nouvelles sensations… Le bondage vous séduit mais vous ne savez pas par où commencer ? Et si vous allez aimer ?

C'est quoi le bondage ? Quel plaisir ? Règles ?
© NDABCREATIVITY - Adobestock

Le bondage a été démocratisé par le film 50 nuances de Grey en 2015. D'après une étude réalisée par le loveshop Amorelie, 14% des Français seraient attirés par le bondage et 18% auraient déjà testé. Décryptages et précautions avec Stéphanie Doe, sexothérapeute et enseignante de shibari, qui rappelle d'emblée que "pour pratiquer le bondage, il faut que les deux partenaires soient consentants".

Qu'est-ce que le bondage ?

"C'est une pratique érotique basée sur la contrainte d'une personne au sens large", commente d'emblée Stéphanie Doe. Le bondage fait partie du BDSM (bondage, discipline (ou domination), sadism, and masochism) et peut se pratiquer avec différents supports. "Utiliser des menottes ou un foulard, c'est du bondage" ajoute la spécialiste. Lorsque des cordes sont exploitées, il s'agit de Shibari, "une technique de bondage japonais qui s'élève au rang d'art".

L'attachement crée une excitation dans la tête et le corps.

L'attachement, qu'il s'agisse des poignets ou d'autres parties, crée une excitation dans la tête et dans le corps. Toutefois, Stéphanie indique qu'il n'est "pas forcément nécessaire de rajouter de la génitalité.". Le bondage peut donc être une partie de la relation sexuelle, mais également une relation érotique à part entière, qui ne mènera pas obligatoirement à la pénétration ou à l'orgasme. "On a rarement la tête à ça quand on est attaché", confit Stéphanie. En effet, le shibari plonge la personne qui est accrochée dans un état modifié de conscience. "Le corps sécrète massivement des endorphines et augmente au même moment la tolérance à la douleur."

Comment le bondage donne-t-il du plaisir ?

Jouer avec les liens physiques vient aussi éveiller les liens émotionnels. "La notion psychique entre en jeu, on ressent une forme d'excitation de se sentir à la merci de l'autre", commente l'enseignante de shibari. La contrainte érotisée et la vulnérabilité accentuent le plaisir. De plus, les cordes, lorsqu'elles lient le corps, agissent comme un véritable cocon. "Dans le bondage, c'est comme si on avait un gros cocon de cordes autour de soi, on est très entouré, c'est cocooning." De la même façon, le bondage met en avant l'attention portée par la personne qui attache, soutient. Comme le souligne Stéphanie, dans une époque où la performance est continuellement demandée, où on doit faire des choix constants, cela peut être "agréable de se laisser faire, de laisser quelqu'un tout prendre en charge". Le bondage apparaît alors comme une manière de goûter au lâcher prise, psychique, corporel et de se remettre à l'autre. De plus, cela resserre les liens du couple. "Lorsque la sexualité est en pause, cela permet de réapprendre à communiquer, à se toucher", développe la sexothérapeute. Avec les cordes, les deux membres du couple vont explorer quelque chose de différent, notamment en l'effectuant l'un et l'autre. De fait, "ce ne sont pas que les hommes qui attachent les femmes. Nul besoin de faire une taille 36, d'être nue, d'être une femme… Tout le monde peut être attaché", explique-t-elle.

Comment pratiquer ?

Pour s'essayer au bondage et jouer avec son partenaire à cet échange de pouvoir qui repense l'érotisme, Stéphanie recommande de créer une atmosphère propice.

► Opter pour une pièce légèrement chauffée, et une surface stable, par exemple un petit matelas au sol. "Ce n'est pas pratique d'attacher sur un lit, l'espace est restreint et mou", analyse-t-elle.

► Le calme est de mise. Elle suggère d'attacher en silence, ou de "mettre une playlist qui ne prend pas trop de place".

► Concernant le matériel pour pratiquer le bondage, des cordes de bonnes qualités permettront de bien vivre ce moment. "Il faut éviter les cordes en coton qui sont douces et jolies, mais dangereuses. Elles sont élastiques, et peuvent comprimer et serrer. Il est nécessaire de privilégier des cordes spéciales pour le shibari", poursuit Stéphanie Doe. Ces dernières sont fabriquées en jutes ou en chanvres uniquement.

"Ne pas chercher à en faire trop, ne pas être trop gourmand". Mais aussi de prendre son temps. Le shibari invite à suspendre le temps, à chouchouter la personne qui se fait attacher et à prendre soin d'elle. "Il faut prendre en compte les dimensions sensuelles et sensorielles, faire glisser les cordes sur la peau, respirer l'autre, se reconnecter à l'espace sensuel…"

"Refermer la parenthèse et remettre la relation à un niveau d'égalité"

 Après une séance de bondage, il est normal de se sentir vulnérable, la spécialiste enjoint alors à se câliner, s'enrouler dans un plaid, boire une boisson chaude et prendre le temps afin de permettre une transition en douceur, "refermer la parenthèse et remettre la relation à un niveau d'égalité".

Quelles règles suivre absolument ?

Pour bien pratiquer le bondage avec son ou sa partenaire, quelques règles sont à suivre, dans le but de vivre un moment érotique en toute sécurité.

​​► Le consentement. "C'est évident, mais pour pratiquer le bondage, il faut que les deux partenaires soient consentants", rappelle la sexothérapeute. Elle précise la nécessité de parler de la marche à suivre avant d'attacher. Donner ses limites, ce que l'on veut et ce que l'on ne veut pas. "Avant de commencer la pratique, indiquer si on peut bander les yeux de la personne attachée, la fesser, lui tirer les cheveux… ". La personne qui attache ne peut pas faire tout ce qui lui passe par la tête, elle est au service de celui ou celle qui est attaché.

Connaître l'anatomie. Pour bien pratiquer le shibari, suivre des cours est important. "Cela implique le corps et il y a des risques, la corde par exemple peut appuyer sur le trajet d'un nerf et paralyser". Pour ceux qui ne souhaiteraient pas suivre des cours, il est préférable d'attacher avec des menottes seulement, pour ne prendre aucun risque.

Utiliser un safe word pour arrêter le jeu quand ça ne va pas.

Utiliser un safe word. C'est un mot qui arrête immédiatement le jeu une fois qu'il est prononcé. "On peut aussi s'en servir dans la sexualité, les disputes, on le dit et on stoppe tout, afin de décider ensemble de la suite à donner."

Ne jamais laisser la personne attachée seule. De la même manière, il ne faut pas lier le devant du cou, ou l'entourer.

Garder des ciseaux à proximité. En cas d'urgence, ils permettront de couper rapidement les cordes.

Où pratiquer le bondage ?

Dans de nombreuses villes, il existe des associations qui proposent des cours pour s'initier au bondage. À Paris, depuis 2004, l'École des cordes apprend aux adultes le shibari et le bondage. L'association Port d'attaches se concentre uniquement sur l'art japonais. Stéphanie suggère de prendre le temps de "se renseigner sur ce que l'on cherche afin de trouver le bon enseignant et le bon lieu". Certains professeurs guident des cours de bondage en couple. C'est le cas de Stéphanie Doe qui, avec les couples, s'intéresse à la genèse de la démarche, "s'il s'agit d'agrémenter sa sexualité ou de s'impliquer dans l'apprentissage du shibari à plus long terme". Un accompagnement qui délivre les bases, pour ensuite pouvoir s'attacher chez soi, en toute sécurité.

Merci à Stéphanie Doe, sexothérapeute, autrice et enseignante de shibari.

  • Amorelie sexreport 2023, sondage en ligne représentatif en France.