Violette : "Le maquillage est une forme d'expression"

A l'occasion de cette rencontre, Poppy Sauvage, la première collection qu'elle lance avec Estée Lauder. Une ligne de maquillage fraîche et printanière, inspirée des champs de blé et de coquelicots du sud de la France. Entretien.

Vous et le maquillage, c'est une histoire d'amour de longue date ?
Je n'étais pas prédestinée à l'univers de la beauté. Je suis tombée dedans par le biais de ma passion pour l'art et la mode. En regardant des tableaux, feuilletant les magazines, je suis devenue sensible aux beaux maquillages. Un soir, j'ai été invitée à une soirée déguisée. J'ai maquillé les gens avec des paillettes et des masques. C'est là que j'ai compris que je voulais peindre et habiller les visages.

Comment en avez-vous fait votre métier ?
Je n'ai pas suivi de formation. Je suis partie à New York pour me former sur le terrain. Je voulais laisser parler mon instinct, exprimer ma créativité, apporter ma vision. Comme je n'avais pas beaucoup d'argent,  je créais mes  produits avec des pigments de cosmétiques puis je démarchais les agences de mannequins pour maquiller gratuitement leurs filles. Cela m'a permis de constituer un book. Ensuite, je suis rentrée en France. C'est là que j'ai décroché un contrat pour travailler pour le Vogue Américain.  

A quel âge avez-vous commencé à vous maquiller ?
A 15 ans. C'est le moment où je me suis sentie femme. Je l'exprimais en portant un rouge à lèvres rouge. Cette bouche rouge, c'est ma signature.

Comment avez-vous appris à vous maquiller ?

A l'époque il n'y avait pas Youtube. J'ai appris avec mon instinct et surtout en essayant encore et encore. C'est comme ça que j'ai compris qu'il fallait faire ma bouche rouge les lèvres fermées. Quand elles sont ouvertes, on perçoit mal la teinte et on ne peut pas parfaire le pourtour. Etre une femme et maquilleuse, c'est une chance pour s'entraîner sur soi-même et maîtriser les bons gestes.

Justement, vous avez une chaîne You Tube compte près de 190 000 abonnés. Quelles sont vos inspirations pour l'alimenter ?
Je voulais faire une chaîne pour les femmes comme moi, qui ne se maquillent pas avec 25 produits,  du contouring et des faux-cils. Faire des vidéos m'a permis de prendre du recul. La première fois que je me suis vue à l'écran avec du liner, je me suis trouvé pas mal et ça m'a poussé à tenter d'autres choses, à oser. C'est ça que je veux transmettre à mes fans à travers mes tutos. 

Vous avez travaillé avec les plus grands noms de la mode. Qu'est-ce que ces expériences vous ont apporté dans votre travail de Directrice Artistique Make-up ?
Une grande culture d'art et de mode. Cela me nourrit pour créer mes produits.

Aujourd'hui, vous êtes Global Beauty Director chez Estée Lauder. Comment est née cette collaboration ?
C'est arrivé comme une évidence. La maison m'a contactée à un moment de ma vie où j'avais besoin d'exprimer mon engagement pour les femmes. (Ndlr : l'élection de Donald Trump). Marcher dans les pas de Mme Lauder, une femme visionnaire qui a toujours œuvré pour les femmes, c'est un formidable cadeau.

Poppy Sauvage by Violette, la première collection vient de sortir. Comment s'est passée la conception ?
J'ai eu totalement carte blanche ! J'avais envie d'une collection fraîche, printanière et féminine. J'ai puisé mon inspiration dans la beauté du sud de la France. Les champs de coquelicots, le blond doré des blés, les couchers de soleil. Ces tonalités nude, or et rouge feu m'ont électrisé. Je suis arrivée au département créatif avec des photos, des œuvres d'art et des taches de peinture pour les nourrir visuellement puis j'ai raconté mon histoire. Ensuite, on s'est mis d'accord sur un nombre de produits, puis j'ai commencé à réfléchir sur les textures et les couleurs, pour finir par passer commande au laboratoire.

Quel est votre produit chouchou dans la gamme Poppy Sauvage ?
" La rosée ". C'est un petit baume qui apporte un effet glowy. 

Vous êtes une femme influente (ndlr : elle fait partie des 50 français les plus influents dans le monde selon Vanity Fair).  Vous incarnez la réussite française aux US. Comment le vivez-vous ?
Je suis fière de mes origines et de mon pays. Toute cette reconnaissance, c'est un honneur. Je prends tout ça très au sérieux. Je veux continuer à être à la hauteur.

La French touch selon vous, c'est quoi ?
Le " Je m'en fous " ! (rires). La femme française, même si elle a un rouge à lèvres impeccable, aura toujours un petit truc " cool " comme un chignon coiffé-décoiffé. C'est l'opposé de la femme américaine toujours très lookée avec un brushing parfait.

Aujourd'hui, quelle est votre plus grande fierté ?
La relation complice que j'ai tissée avec les femmes sur les réseaux sociaux. Quand elles me disent que mon travail les a aidées à trouver le make-up qui les sublime tout en restant elles-mêmes, je suis comblée.

Quels sont vos projets ?
La sortie d'une deuxième collection inspirée des tissus que j'aime va sortir en automne.

Ses tips

Portrait chinois