Mariage pour tous : pro et anti à la noce

Des dizaines de milliers d'opposants au mariage homosexuel ont une nouvelle fois scandé dimanche, à Paris, leur hostilité au mariage homosexuel, un principe qui devrait être définitivement adopté mardi au Parlement.

Dans une marée de drapeaux blancs, roses et bleus, sous un soleil éclatant et aux cris de "Hollande, ta loi, on n'en veut pas", la Manif Pour Tous a rassemblé 45 000 personnes selon la police, 270 000 selon les organisateurs, marquant le pas par rapport à la mobilisation du 24 mars.
Familles et séniors, chants, danses, appels à la "fête" : tout avait été fait pour donner une allure bon enfant au défilé parti de la place Denfert-Rochereau pour rejoindre l'esplanade des Invalides. Des enfants, parents, adolescents et personnes âgées munis de banderoles "Tous gardiens du code civil" et des élus, en particulier de l'UMP, ceints de leur écharpe tricolore, réclamaient un référendum ou le retrait pur et simple du texte. Le cortège s'est dispersé vers 18H45, d'autres militants poursuivant une "veillée" à la lueur de bougies.
Le risque de voir des activistes d'extrême droite, auteurs d'agressions homophobes, avait incité les organisateurs à déployer un service d'ordre conséquent.
La porte-parole du collectif "La Manif pour tous", Frigide Barjot, avait lancé un appel au calme en fin de matinée et averti que le service d'ordre de la manifestation - un millier de bénévoles et les agents de trois sociétés de sécurité (tee-shirts rouges et oreillettes) engagés pour l'occasion - dénonceraient les éléments extrémistes. Pourtant présent, Alexandre Gabriac, leader des Jeunesses nationalistes faisait clairement partie des indésirables

Selon le ministère de l'Intérieur, quelque 2 000 policiers et gendarmes avaient été réquisitionnés pour parer à toute violence. 

Les cloches de l'église Saint-Francois Xavier (VIIe arrondissement) ont sonné à toute volée au passage de la manifestation. Chaque fois qu'un slogan trop exalté se faisait entendre, la sono de l'organisation le couvrait d'une phrase plus lisse. 

"Entendez monsieur le Président, ce peuple qui s'est levé. C'est un peuple libre, ne dédaignez pas cette colère, ne niez pas cette révolte, changez de politique avant qu'il soit trop tard!", a exhorté l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, depuis un camion-podium. 

La présidente du Parti Chrétien-Démocrate, Christine Boutin, les députés UMP Patrick Ollier et Hervé Mariton, le député FN Gibert Collard se tenaient derrière la même banderole. Cette proximité a fait réagir et le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a mis en cause "une sorte d'acte fondateur entre la droite et l'extrême droite".

Place de la Bastille, quelque 3 500 personnes selon la police, 15 000 selon les organisateurs, favorables au projet de loi ont répliqué en "dénonçant l'homophobie" et en revendiquant "l'égalité des droits". Le maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS) et le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon sont venus les soutenir. 

Mardi après-midi, le texte autorisant le mariage homosexuel sera solennellement adopté par l'Assemblée nationale. Les opposants manifesteront à nouveau. Ils veulent croire que le gouvernement peut renoncer à appliquer la loi, comme ce fut le cas pour le Contrat première embauche (CPE) en 2006. Ils mettent également leurs espoirs dans une éventuelle censure du Conseil constitutionnel. Les pro-mariage gay sauront aussi faire entendre leur voix.

manif pour tous
Une manifestante opposée au mariage gay et déguisée en Marianne et bâillonnée, à Nantes le 18-04 -2013. © SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA