En Côte d'Ivoire, la beauté fait débat

Rondeurs "africaines" ou silhouettes "internationales" ? Les canons de beauté se font la guerre à Abidjan.

Jeune chanteuse ivoirienne, "Princesse Amour" tente de se faire un nom en célébrant dans un morceau sorti récemment les "lala", ainsi qu'elle a baptisé les filles à la taille de guêpe. Sur un rythme saccadé, la brindille en jeans moulant encourage les filles à assumer leurs "petits citrons". "J'ai constaté que certaines avaient honte de posséder une petite poitrine" et "se sentent obligées de faire du faux en gonflant leur soutien-gorge", explique à l'AFP la chanteuse, Ahou N'Guessan pour l'état-civil.
Le mot "lala" ne doit rien au hasard. C'est une réplique à un monument de la musique ivoirienne, Meiway, qui, après avoir glorifié les "lolo" début 2000, a une nouvelle fois rendu hommage aux femmes pulpeuses avec "Roulez moutou !". Le titre, spécifiquement dédié aux postérieurs avantageux, a fait danser Abidjan ces derniers mois.
"Vous, les Blancs, vous aimez les femmes plates et minces. Nous, ici, on les aime en chair et fortes", lançait le chanteur aux quelques Européens présents dans le public d'un concert fin 2012.
Le concours de beauté Miss Côte d'Ivoire, qui fait rêver des foules de jeunes Ivoiriennes, est nettement plus "lala" que "lolo". "Nos critères sont internationaux: taille minimum 1,68 m, 90 cm de tour de bassin", indique Victor Yapobi, président du comité d'organisation. Regarder la vidéo :

"Côte d'Ivoire et canons de beauté"


C'est pour rendre hommage aux formes généreuses, qu'a été relancé le 8 mars dernier, à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, un autre concours de beauté nommé précisément "Awoulaba", interrompu depuis sept ans. Lauréate de l'édition 2013 devant un millier de spectateurs, la plantureuse Estève Alexandrine N'Goran, drapée dans une tenue traditionnelle, entend "honorer la vraie femme africaine".
Autre défenseur des silhouettes voluptueuses, le peintre Augustin Kassi n'a de cesse de pourfendre "l'aliénation culturelle" entretenue par "une campagne de dénigrement volontaire de la beauté africaine". L'artiste plaide pour la diversité. "Le monde est fait de choses variées", rappelle-t-il, pinceau à la main dans son atelier. "C'est l'arc-en-ciel".