Cancer du sein : un spot publicitaire au coeur de la polémique

Au Chili, on ne sait plus à quel saint se vouer ! La diffusion d'un spot publicitaire destiné à la sensibilisation du cancer du sein enflamme le Web.

C'est bien connu, les latinos ont le chic pour faire monter la température en toutes circonstances mais cette fois-ci, la sauce a du mal à prendre. "Por amor a las tetas" (littéralement "pour l'amour des seins" en espagnol) est un spot publicitaire qui a de quoi interpeller le spectateur. On y voit en effet pendant 47 secondes des poitrines exposées dans les situations les plus courantes de la vie : au travail, au sport, en pleine séance d'allaitement et même pendant des ébats sexuels ! Cette vidéo polémique lancée par l'agence Porta est en réalité une campagne de sensibilisation coup de poing destinée à convaincre les femmes de la nécessité du dépistage précoce de ce cancer dont la conséquence au Chili est la suivante : un décès toutes les huit heures.

Tout, on vous montrera tout

On l'aura compris, le principe de montrer des poitrines sous toutes les coutures en dérangera certains et en arrangera d'autres mais au-delà du manque de pudeur que beaucoup de Chiliens déplorent (certains parlent de pornographie décomplexée), c'est un autre aspect de la vidéo qui dérange : la taille des bonnets choisis pour le spot ! Il n'est en effet pas difficile de se rendre compte au visionnage que les gros calibres ont été privilégiés pour convaincre. Un choix discutable pour les professionnels de santé chiliens qui craignent que le message soit mal interprété et que certaines femmes supposent que les seins plus petits serait moins sujets à la maladie. 

Les hommes en première ligne

Les instigateurs de la campagne se défendent pourtant de tout ambiguïté et revendiquent au contraire le choix de poitrines imposantes : "Les images de ce spot s'adressent avant tout à un public masculin." explique Gonzalo Baeza, directeur de la campagne, "L'objectif principal n'était pas de convaincre les femmes, déjà suffisamment conscientes de la gravité de cette maladie, mais d'encourager les hommes à soutenir leurs compagnes dans la démarche du dépistage" .

Qu'on approuve ou qu'on condamne, la campagne a au moins le mérite de soulever une problématique importante liée au fléau découlant de cette maladie : le sentiment de honte. Comme l'explique la psychanalyste Françoise Brullman, l'ablation d'un sein qui peut intervenir dans certains cas avancés de cancer est un réel cataclysme émotionnel chez la femme qui le subit et remet souvent en question de manière violente l'amour-propre de la patiente se trouvant dans cette situation : "Pour la femme touchée dans son intégrité corporelle par l'ablation d'un sein, la blessure narcissique est immense." ( Du traumatisme de l'ablation d'un sein après cancer à la reconstruction réparatrice : une traversée / Françoise BRULLMANN in Le Carnet PSY, n° 119 (2007))

A lire aussi :