Amandine : les 35 printemps du bébé-éprouvette

Le 24 février 1982, Amandine pointait son nez dans les Hauts-de-Seine, moins de quatre ans après Louise Brown, premier bébé au monde né grâce à la fécondation in vitro. Souvenirs et perspectives.

Amandine : les 35 printemps du bébé-éprouvette
© Francois du Plessis - Fotolia.com

Happy birthday

Amandine, premier enfant français conçu par procréation médicalement assistée, fête son 35e anniversaire. Aujourd'hui, c'est une jeune femme "ordinaire". "J'ai les mêmes défauts, qualités, questionnements que chacun. tout va bien. Ça a forcément influencé mes parents, ça leur a rendu service, mais moi ça n'aura aucunement influencé ma vie", a-t-elle confié à France 2.

Le fruit du corps médical

René Frydman, 68 ans, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart racontait en 2012 le moment de "bonheur" et le chemin qui a conduit à la conception d'Amandine. Une aventure qu'il a menée avec le biologiste Jacques Testart. "Voir les premiers embryons au microscope, c'était formidable. A chaque étape, il y avait quelque chose qui vous tenait en haleine, chaque étape était une victoire", a-t-il témoigné. "C'était artisanal à l'époque. Il nous a fallu deux ans pour voir l'ovocyte, et quatre pour réussir. La naissance d'Amandine s'est faite en cycle naturel sans traitement de stimulation hormonale de la mère, comme on continue à la faire parfois", a-t-il expliqué.

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Nouveau-né en couveuse. © Francois du Plessis - Fotolia.com

"A l'heure actuelle, si on devait refaire Amandine, on ne pourrait pas à cause du carcan administratif", s'est exclamée Violaine Kerbrat, sage-femme, une des quatre personnes présentes lors de l'accouchement d'Annie, la maman d'Amandine.

Secrets et confidences

Face à la frénésie médiatique - photographes sur les toits, intrusion de journalistes "déguisés en personnel hospitalier" -, une stratégie avait été élaborée pour protéger l'anonymat de la famille. "J'avais inscrit sur le tableau : Madame X, césarienne le 28 février, pour brouiller les pistes", s'est remémoré le Pr Frydman. "La mère était censée être ma cousine", a ajouté Mme Kerbrat.

La venue au monde, finalement sans césarienne, s'est passée dans la "douceur". "Il y avait un aspect magique", a reconnu Mme Kerbrat. "On a rusé pour la sortie incognito d'Amandine et sa maman. Je portais le bébé, et, avec sa mère en robe de chambre, nous avons rejoint l'ambulance par des couloirs du sous-sol, sans que personne s'en aperçoive", s'est-elle rappelée.

"Février 2011 : Naissance du premier "bébé-médicament""


Une technique qui a bénéficié depuis à plus de 25 000 Françaises.

On doit à l'équipe du Professeur Frydman les premières naissances après congélation d'embryon en 1986, après diagnostic préimplantatoire (DPI) en 2000, après maturation in vitro en 2003, après congélation d'ovules en 2010. Le Pr Frydman regrettait alors d'avoir dû recourir à une technique moins performante que la congélation ultra rapide (la vitrification) utilisée à l'étranger "au prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon".

Enfin, en janvier 2011, naissait à Clamart pour la première fois en France un "bébé du double espoir", dont le sang du cordon ombilical a permis de faire une greffe de moelle à sa sœur malade.