Infanticide : un phénomène sous-évalué
Les chiffres officiels déclarent 17 meurtres d'enfants chaque année, mais une pédiatre qui a travaillé sur la question en comptabilise 255.
Peu de statistiques officielles existent concernant le nombre d'infanticides déclarés chaque année. Selon le Centre d'épidémiologie des causes médicales de décès dépendant de l'Inserm (CepiDc) le nombre d'infanticides serait de 17 par an. Mais Anne Tursz, une pédiatre directrice de recherche à l'Inserm et spécialiste de la maltraitance des enfants, qui a travaillé pendant 5 ans sur la question (en se concentrant sur les régions Ile-de-France, Bretagne et Nord-Pas-de-Calais) pense que les chiffres officiels sont sous-évalués. Selon elle, le nombre d'infanticides serait plutôt de 255 par an, comme elle l'a confié à 20 Minutes. Elle a ajouté qu'elle n'avait pas additionné à ce nombre les cas de néonaticides (les enfants tués avant d'être déclarés), et dont on dénombrerait 29 cas par an.
Pourquoi les infanticides sont-ils sous-évalués ? Plusieurs raisons à cela : certains cas d'enfants morts ne sont pas signalés, d'autres encore ne font pas l'objet d'enquêtes très poussées. Des cas de "décès de mort subite du nourrisson" cacheraient parfois un infanticide. Selon Anne Tursz, ce sujet est "tabou". Elle ajoute même que "ce n'est pas un sujet de préoccupation pour les politiques" car "les femmes votent alors que les enfants, non". Triste constat.
