Union homosexuelle en Languedoc-Roussillon

Patrick et Guillaume ont échangé alliances et consentements devant le maire de Cabestany, un acte symbolique pour que la légalisation du mariage homosexuel soit au cœur de la campagne présidentielle de 2012.

"Je suis heureux", a confié d'une voix émue Guillaume, 37 ans. Ce jeune artiste- peintre a dit "oui", samedi, à Patrick, directeur d'un laboratoire photo âgé de 48 ans, marié pendant dix ans et papa d'une fille de 22 ans. Sous une pluie de pétales de roses et devant de nombreuses caméras, les deux hommes, en larmes, se sont embrassés longuement, acclamés par une foule de proches, d'invités et de responsables associatifs. 

"Célébration d'un mariage gay, pour le symbole"

Deux conjoints masculins

"L'acte militant qu'ensemble nous avons décidé, personne ne pourra l'effacer, il doit être le début d'un nouvel espoir", a lancé, Jean Vila, édile de la commune. L'élu communiste a officié en bonne et due forme, mais l'acte et le livret de famille portent la mention "ce document n'a malheureusement pas de caractère officiel, mais marque la volonté de la municipalité de voir la loi évoluer".

Le mariage gay n'est pas légal en France alors qu'il est autorisé dans des pays comme l'Espagne, l'Islande ou l'Argentine.. Pour ne pas courir de risque, le maire, également vice-président du conseil général des Pyrénées-Orientales, n'a pas l'intention d'inscrire cette union au registre de l'état-civil, alors qu'il dispose de toutes les pièces administratives nécessaires. Précaution encore, la cérémonie a été célébrée dans le centre culturel Jean-Ferrat, et non dans la salle dédiée de ce bourg de 9 000 habitants...

Un engagement prononcé en catimini, mais qui fait beaucoup de bruit

Roselyne Bachelot, a estimé dimanche que cette démarche n'était pas "la meilleure façon de servir la cause", tout en réaffirmant son "engagement" en faveur des couples de même sexe. La ministre des Solidarités, qui s'était rendue célèbre en prenant la défense du PACS en 1999, à contre-courant de son propre camp politique, a souligné que l'institution avait "profondément changé depuis quelques siècle. C'est d'abord maintenant un engagement social et affectif. Donc je souhaite que, là encore, il n'y ait pas de discrimination", a-t-elle conclu. L'union homo scellée en 2004 par le maire écologiste de Bègles, Noël Mamère, avait été annulée au terme d'une longue procédure judiciaire, et le leader "Vert", suspendu un mois de ses fonctions.

Caroline Mécary, avocate en droit de la famille, salue une avancée qui "participe à un nécessaire questionnement". Noël Mamère s'est félicité de l'initiative, tout en relevant qu'un mariage sans inscription au registre de l'état civil "ne faisait pas avancer le droit".

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Patrick et Guillaume lors de leur "mariage" © AFP

Les forces en puissance

La secrétaire d'Etat à la Famille Claude Greff a dénoncé une "provocation électoraliste qui ne fait que crisper les positions". L'Interassociative lesbienne gay, bi et trans (Inter-LGBT) s'est indignée de cette réaction, soulignant le blocage d'une classe politique "alors que les Français y sont favorables".

Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD) et candidate à l'élection présidentielle a condamné un '"acte hors la loi".

Le romantisme, un privilège hétéro ?

Un projet de loi du Parti socialiste visant à inscrire le mariage entre personnes de même sexe dans la législation française a été rejeté en juin par l'Assemblée nationale, la plupart des députés de droite ayant voté contre. Mais les mentalités évoluent et les législatives 2012 pourraient changer la donne.