Une Saoudienne aux JO, une proposition cavalière ?

L'Arabie saoudite a vaguement promis d'envoyer une athlète aux jeux Olympiques de cet été, mais les résistances sont fortes dans cette société ultra-conservatrice où le corps des femmes est encore emprisonné, sclérosé.

Selon la presse, le prince héritier, Nayef Ben Abdel Aziz, a donné le feu vert à la participation de Saoudiennes aux JO de Londres, mais les instances sportives n'ont encore rien annoncé officiellement.

Artillerie lourde

En juillet 2011, la présidente de la commission femmes et sport du Comité international olympique (CIO), Anita DeFrantz, avait stigmatisé l'Arabie Saoudite, le sultanat de Brunei et le Qatar pour n'avoir jamais envoyé de femmes aux Jeux.

A brides abattues

Le 13 mars, le CIO a annoncé collaborer de "manière très étroite" avec ces trois pays pour qu'ils envoient des femmes à Londres. "Ils sont très coopératifs et tentent de trouver une solution avec nous, y compris l'Arabie saoudite", a déclaré le directeur général du CIO, Christophe de Kepper.

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Femme à cheval © Kseniya Abramova - Fotolia.com

Une écuyère

Samedi, le quotidien saoudien Al-Charq a affirmé que Dilma Milhess, une cavalière de 18 ans qui pratique le jumping (saut d'obstacles) et s'entraîne à l'étranger, représenterait probablement l'Arabie aux Jeux de Londres. Elle avait discrètement participé à titre individuel à un tournoi en 2010 à Singapour.

Un cheval de Troie ?

"Envoyer une représentante de la gent féminine aux jeux Olympiques de Londres ne change pas le fait que les femmes et les jeunes filles restent exclues des activités sportives", a réagi Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué. L'Arabie saoudite interdit les cours d'éducation physique dans les écoles de filles. Et même en dehors, la pratique du sport féminin reste confidentielle et les autorités ont même fermé ces dernières années des gymnases pour femmes, a rappelé HRW.

Le voile sous la bombe

 Dans ce royaume qui applique une interprétation rigoriste des préceptes de l'islam, la pression de la hiérarchie religieuse reste forte. Les femmes n'ont pas le droit de conduire, elles ne peuvent pas étudier, voyager, avoir un métier ou subir une intervention chirurgicale sans l'autorisation d'un mâle de leur parenté.

Evolution des mœurs

 Certes, les Saoudiennes ont besoin d'un tuteur (père, fils ou mari) pour toute démarche administrative, mais plusieurs entreprises du secteur privé viennent d'embaucher du personnel féminin et des ministères ont créé des "sections femmes". "Auparavant, le code du travail interdisait explicitement la mixité. Désormais, il établit que l'emploi des femmes doit se faire selon les conditions édictées par la charia (le corpus juridique islamique), ce qui laisse place à l'interprétation, et permet ainsi une application plus flexible", explique la sociologue Amélie Le Renard, au Monde.fr.

Reste à savoir si le CIO saoudien acceptera d'intégrer Dilma Milhess à sa délégation officielle... On croise les doigts, et le fer !