Une femme de 94 ans, expulsée d'une maison de retraite... et après ?

Pour cause de loyers impayés, une nonagénaire a été expulsée de sa maison de retraite de Chaville en région parisienne. Une décision qui révolte plusieurs associations et qui relance le débat sur la prise en charge des personnes âgées.

Elle s'appelle Anne, elle est âgée de 94 ans et vivait dans une maison de retraite de Chaville depuis 2 ans. Invoquant des loyers impayés s'élevant à 40 000 euros, l'établissement a décidé d'expulser la vieille dame. Elle est d'abord embarquée dans une ambulance direction Châteaudun, en Eure-et-Loire, où réside son fils. Ce dernier étant absent, elle est transférée aux urgences de l'hôpital de la ville. L'affaire éclate alors et provoque un déferlement de réactions condamnant la décision de l'établissement.
Le directeur de la maison de retraite Laurent Boughaba a affirmé au journal Le Berry que "la situation ne pouvait plus durer". Il soutient avoir envoyé plusieurs courriers recommandés au fils de la vieille dame et avoir tenté de le joindre par téléphone. Il a dit regretter une "décision maladroite" mais assure ne pas avoir eu le choix.
L'hôpital qui a recueilli la nonagénaire a fait savoir son indignation : "C'est honteux et complètement illégal en pleine trêve hivernale qui interdit les expulsions, y compris des établissements de santé. L'hôpital va d'ailleurs faire un signalement à la gendarmerie". De même pour la Fédération nationale des personnes âgées et de leurs familles (FNAPAEF) : "Il est inacceptable et même condamnable que l'on puisse agir ainsi vis-à-vis d'une personne fragilisée, quelle que soit la raison. Cette dame n'avait pas à subir le conflit entre ses enfants et l'établissement " a réagi Joëlle Le Gall, présidente de la FNAPAEF auprès de Ladepeche. 
Cette dernière met le doigt sur ce qui est un véritable problème de société : "Je ne connais pas le détail du dossier entre cette mère, ses enfants et cette structure. N'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, nous allons faire de plus en plus face à ce genre de souci car le coût des établissements spécialisés est devenu insupportable."

Le loyer mensuel en maison de retraite avoisine les 2 000 euros, une somme considérable notamment pour les "petites retraites". Pour Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (Adpa), il ne faut pas stigmatiser les 3-4 % des familles ne réglant pas les frais de leurs parents mais remettre en cause l'intégralité du système.