Sexisme sur le terrain : des journalistes sportives parlent

Après le scandale créé par le livre de Hilde Van Malderen, une journaliste flamande, sur le harcèlement sexuel qu'elle a subi au cours de sa profession dans le monde du sport, les langues commencent à se délier. Comment les joueurs traitent-ils ces professionnelles de l'information ?

Le monde du sport est connu pour donner plus de crédibilité aux hommes... Le cas d'une journaliste sportive flamande, harcelée par des messages érotiques (plutôt pornographiques) au quotidien, témoigne d'un rituel effroyable que peuvent vivre ces femmes, plus en quête d'informations que de caleçons.
L'une d'entre elles, Hilde Van Malderen, a décidé de prendre la plume, mais cette fois-ci pour écrire son propre témoignage : Speelgoed, dont quelques passages ont été diffusés sur le site Het Laatse Nieuws. "Je peux vous assurer que le taux de testostérone d'un joueur moyen est très élevé. Les footballers sont riches, connus, et ont beaucoup, beaucoup de temps libre. Leurs partenaires ne savent rien. Ou bien, elles ne veulent pas savoir", écrit-elle.
Comment le sait-elle ? Les invitations sexuelles en tout genre reçues jour après jour par des sportifs belges, amoureux du ballon rond et de "la chose", ne peuvent pas mieux illustrer ses dires. "Je ne peux pas m'empêcher de rêver de toi", a-t-elle reçu d'un arbitre, "Viens-tu dormir chez moi ce soir ?", de la part d'un entraîneur d'une équipe de football belge... Pire encore, un de ses collègues journaliste lui a fait part de sa "grande affection" en lui envoyant une photo de son sexe en érection avec, en légende, "Voilà à quel point je suis fou de toi". Plus "délicat", un défenseur d'Anderlecht lui aurait envoyé un texto : "J'espère qu'on pourra se revoir en dehors du football. N'as-tu pas envie d'apprendre à connaître l'homme derrière le joueur ?"
Penser que les "obsédés" sportifs ne sont que du côté de nos voisins belges serait une erreur. En France, le phénomène sévit aussi... "J'ai suivi beaucoup de joueurs du PSG depuis que je suis journaliste. Et c'est vrai que j'ai reçu quelques propositions par textos. L'un d'eux voulait que je vienne faire un jacuzzi chez lui. J'avais trouvé ça très marrant... Surtout que je l'ai juste interviewé deux fois dans ma vie. Mais il y a un autre joueur pour qui c'était obsessionnel. C'était tout simplement devenu impossible de travailler avec lui. Le fait qu'ils tentent, à la limite ça peut se comprendre, mais c'est souvent très brut de décoffrage !", a témoigné Marion Aydalot, une journaliste d'Europe 1, à l'Equipe. Francesca Antoniotti a quitté une chaîne spécialisée en foot il y a deux ans pour France 2 et D8, et a expliqué pourquoi ce harcèlement varie selon les pays. "Les joueurs français ont plus de retenue vis-à-vis de la presse car ils savent que ce n'est pas discret et que ça peut leur retomber dessus", a-t-elle rapporté au journal sportif.
Malgré ça, en France justement, Helena Costa, qui devait être la première femme à entraîner une équipe, y a finalement. renoncé : elle s'est sentie victime de misogynie...

journalistes sportifs
Les journalistes sportives parlent ©  wellphoto / Fotolia