Rehana, héroïne kurde ou chimère de Kobané ?

Sa photo a fait le tour du monde. On la voit souriante, habillée en uniforme militaire, une kalachnikov dans une main et le V de la victoire avec les doigts de l'autre main. Celle qui a été surnommée Rehana est devenue une véritable star internationale. Sur Twitter, la résistance kurde contre l'Etat islamique en a fait son égérie. Toujours selon les réseaux sociaux, elle ferait partie de l'Unité de protection de la femme et aurait tué à elle seule plus de 100 terroristes.
Afin de contrer cet engouement et de semer le doute, l'EI a posté, le 5 octobre 2014, la photo d'un djihadiste tenant dans sa main droite la tête d'une femme ressemblant grandement à l'héroïne.
En réalité, selon la BBC qui a mené l'enquête, la jeune militante se serait engagée en tant que volontaire dans la police locale, assignée aux checkpoints, après l'assassinat de son père par l'état islamique. Elle étudiait auparavant le droit à Alep. Selon le reporter suédois, Carl Drott, qui l'aurait interrogée en août 2014, la bénévole n'aurait jamais été envoyée au front.
Si la jeune femme n'a pas pris part aux combats et n'a pas réalisé les exploits qu'on lui attribue, elle a tout de même de nombreux fans. "Toutes les personnes que je rencontre l'admirent, car elle représente ce que tout le monde désire : que hommes et femmes s'unissent pour combattre la force barbare qui sévit dans la région", a déclaré le blogueur Ruwayda Mustafah à la BBC.
Dans tous les cas, le mystère reste entier et "L'Ange de Kobané" ne s'est toujours pas manifesté pour rétablir la vérité.