Que font les photos de nos ados sur des sites pornos ?
Le chiffre est alarmant : 88 % des photos à caractère sexuel postées par des adolescents se retrouvent sur des sites pornographiques. Une information qui relance le débat sur la cybercriminalité.
Sans conscience du danger, de nombreux ados postent des photos de leurs parties intimes sur Facebook, dans des tchats avec webcam ou encore via SMS. Cet exhibitionnisme juvénile est aussi dangereux que stupide. C'est ce que révèle l'étude menée par l'Internet Watch Foundation (IWF) avec ce chiffre terrifiant : 88 % de leurs photos seraient volées par des sites parasites.
Un phénomène de société
Cette tendance prend de plus en plus d'ampleur et entraîne des conséquences notables dans la vie actuelle mais aussi future de l'ado. L'étude nous permet de les quantifier à l'aide de témoignages. "Lorsque j'avais 15 ans, j'ai pris une photo explicite de moi que je n'ai jamais postée sur Internet. Pourtant aujourd'hui, lorsque je tape mon nom dans un moteur de recherche, la photo apparaît dans la première page des réponses... Que ce soit mes collègues, ma famille ou mes amis, si quelqu'un tombe dessus je pourrais avoir de gros ennuis...", raconte une jeune femme dans l'enquête de l'IWF.
En effet, une fois postée, la photo reste présente dans les moteurs de recherche. Elle n'est plus propriété privée de son émetteur mais devient publique. La présidente de la fondation, Susie Hargreaves alerte les internautes sur les dangers d'un tel comportement : "Les jeunes doivent être conscients qu'une fois qu'une image est disponible sur un support numérique, elle a toutes les chances d'échapper à leur contrôle. Même si eux ne souhaitent pas la diffuser en ligne !". Et les conséquences se révèlent parfois dramatiques.
Internet tue
Après la cigarette, la drogue ou encore l'alcool au volant, Internet est maintenant responsable de décès. Il y a moins d'un mois, le monde apprenait avec effroi le suicide d'une jeune femme nommée Amanda Todd. Cette Canadienne de 15 ans a le malheur de poster une photo de sa poitrine il y a trois ans lors d'un tchat avec un inconnu. L'homme lui fait alors du chantage : soit elle en dévoile davantage, soit il publie sa photo. Amanda refuse et c'est ainsi que la machine infernale commença : grave dépression, brimades des camarades souvent violentes, changement d'école, mutilation et suicide. Elle avait posté une vidéo sur Youtube où elle appelait à l'aide.
Au même moment en France, c'est Gautier, jeune Brestois de 18 ans, qui se suicide dans sa chambre. Sur un site de discussion pour ados, le jeune homme échange avec une jeune femme qui le pousse à se dévêtir en même temps qu'elle. Elle l'ajoute ensuite sur Facebook puis interrompt le jeu sexuel avec un message incisif : "J'ai une vidéo porno de toi, si tu ne me donnes pas 200 euros, je vais détruire ta vie." Quelques instants plus tard, les parents de Gautier découvrent leur fils pendu. Ces derniers ont témoigné samedi dernier : "On nous a parlé de cette Canadienne qui s'est suicidée après avoir montré sa poitrine. Nous n'avions pas entendu l'information, nous étions dans le service de réanimation." Il est donc capital de protéger nos enfants en les sensibilisant à ce nouveau danger.