What's new Pussy Riot ?

La justice russe a remis en liberté une des membres des Pussy Riot, condamnées le 17 août dernier pour une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou. "L'émeute de chattes" aura-t-elle raison de la justice russe ?

[Mis à jour le 10 octobre 2012, à 14h18] "Libérez immédiatement" Ekaterina Samoutsevitch, dont la peine est transformée en condamnation avec sursis, a déclaré la présidente du tribunal, ajoutant que la peine des deux autres jeunes femmes, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, était "maintenue sans changement" à l'issue de ce procès en appel.

Les trois jeunes femmes se sont congratulées dans leur cage en verre, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina félicitant leur amie pour sa libération.

Elles avaient fait appel après avoir été condamnées en août toutes les trois à la même peine de deux ans de camp, pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse", pour cette "prière" lors de laquelle elles avaient demandé à la Sainte Vierge de "chasser Poutine". Le 1er octobre, Ekaterina Samoutsevitch avait cependant révoqué son avocat en arguant de "désaccords", provoquant le renvoi à ce mercredi du procès en appel, alors que des informations faisaient état de tentatives de scinder le groupe qui faisait jusque-là front commun.

La nouvelle avocate de Mme Samoutsevitch, Irina Khrounova, a affirmé mercredi que sa cliente n'avait pas participé à la "prière" devant l'autel dans la mesure où elle avait été interpellée 15 secondes après être entrée dans la cathédrale.

De manière inattendue, l'un des avocats des parties civiles, Lev Lialine, a soutenu cette déclaration en réclamant lui aussi que le tribunal prenne en compte l'implication individuelle de chaque prévenue.

Les deux autres jeunes femmes, qui ont réaffirmé mercredi avoir commis une action "politique", sauront dans une dizaine de jours dans quel camp de détention elles seront envoyées, a indiqué une source judiciaire à l'agence Ria Novosti.

"Une Pussy Riot relâchée, peine maintenue pour les autres"

Le 1er octobre 2012, nous écrivions :

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La prière punk des Pussy Riot © AFP

Une "émeute de chattes"... peu orthodoxe ?

Groupe de punk-rock féministe russe formé en 2011, c'est en 2012 que les Pussy Riot (littéralement "émeute des chattes") font écho publiquement de leur action à travers une performance pour le moins remarquée. Le 21 février 2012, elles pénètrent encagoulées dans la Cathédrale de Moscou et prient la Mère de Dieu de chasser Vladimir Poutine du pouvoir. Cette "prière punk" jugée profanatoire vaut à trois d'entre elles d'être arrêtées puis condamnées à deux ans en détention en camp.

Sacrilèges ou simple "polissonnes" ?

De Paris à Moscou, de la scène politique à artistique, le verdict de ce jugement n'a cessé de faire parler de lui. En Russie, l'église orthodoxe qui avait d'abord réagi fermement, semble avoir pardonné les punkettes. Le patriarche avait prôné la clémence après l'annonce du jugement, et a depuis appelé les jeunes femmes à se repentir. Vladimir Poutine propulsé au pouvoir depuis l'affaire ne semble pas quant à lui, vouloir mettre de l'eau dans son vin. Jugeant que les jeunes femmes se sont livrées à un "véritable sabbat", il estime que "l'Etat a le devoir de défendre les croyants". La fermeté du Président russe n'est pas sans inquiéter la communauté internationale. Tandis que le département d'Etat américain s'était dit "préoccupé" pour la liberté d'expression en Russie, les capitales européennes avaient dénoncé un jugement disproportionné. Angela Merkel avait critiqué cette peine de prison, ne la jugeant "pas en harmonie avec les valeurs européennes d'État de droit et de démocratie pour lesquelles la Russie s'est prononcée en tant que membre du Conseil de l'Europe."

Lettre ouverte à la démocratie

Jeudi, les jeunes femmes ont publié une lettre dans laquelle elles dénoncent le "non droit absolu" qui règne en Russie. Si de nombreuses personnalités manifestent leur soutien - Madonna "bouleversée et dégoûtée par le jugement", Yoko Ono qui leur a décerné son prix pour la paix "LenonOno" ou encore Jeanne Cherhal qui leur a écrit une chanson intitulée "Tant qu'il y aura des Pussy" - en Russie, selon les sondages (fiabilité ?), la majorité de la population approuverait leur condamnation.

Alors, libération, clémence ou condamnation ?