Prostitution : Rosen Hicher, en marche pour l'abolition

Rosen Hicher, une ancienne prostituée, a rallié Saintes (Charente-Maritime) à Paris, à pied, pour sensibiliser à la prostitution et réhabiliter la loi qui pénalise le client. Elle est arrivée à destination dimanche 12 octobre, après plus de 700 kilomètres de marche militante.

"Cette marche est un chemin arrière sur moi-même et le début d'un combat pour toutes celles qui restent esclaves du trottoir." Rosen Hicher, 57 ans, s'est confiée au Parisien sur son combat. Son message : "Il faut abolir la prostitution." Pour se faire entendre, cette ancienne prostituée a traversé le pays à pied. 
Partie de Saintes (Charente-Maritime) le 4 septembre, celle qui a "décroché de la prostitution" en 2009 aura parcouru 743 km au total, jusqu'à Paris. Elle est arrivée à destination dimanche 12 octobre, dans la rue Colisée. Un lieu symbolique pour elle car, en mars 1988, c'est là-bas qu'elle répondait à une annonce : "Bar cherche hôtesse. Fixe + extra".  Rosen Hicher s'en souvient très bien : "Ma première passe, mon premier client, mes premiers pas dans l'enfer de la prostitution." Elle veut couper court à toute notion de choix dans cette voie. "Il n'y a aucune liberté, tout est question d'argent, de domination", assure-t-elle.
Aujourd'hui, 26 ans plus tard, la voici un tournesol à la main, une couronne de fleurs sur la tête, un imperméable en ceinture et accompagnée d'une centaine de personnes qui brandissent des bannières "En marche avec Rosen Hicher". "J'ai d'abord marché seule, puis avec une, deux, trois personnes. Le cortège n'a cessé de grandir à mesure que j'approchais Paris. J'ai eu beaucoup de soutiens de maires, d'élus, d'associations...", explique-t-elle toujours au quotidien.
Sa marche abolitionniste a pour but de faire réagir le Sénat sur la loi pénalisant les clients. "Bon il y a encore du travail, mais on arrivera à faire bouger les mentalités. La clé, c'est le client. Si on arrive à faire comprendre que sans clients, il n'y aura plus de prostituées, on aura gagné", martèle-t-elle.
Pascale Boistard, secrétaire d'Etat chargée des droits des femmes, lui a apporté son soutien et l'a rejointe lors de sa dernière étape. "C'est un combat très courageux", a-t-elle déclaré à 20 Minutes. Elle souhaiterait que le fameux projet de loi soit à l'ordre du jour pour début 2015.