Pakistan : l'acide pour brûler la liberté des femmes

Les crimes d'honneur sont courants au Pakistan, mais une cruauté nouvelle se répand : les attaques à l'acide contre les femmes.

Au Pakistan, il ne fait pas bon être une femme. Lundi 28 et mardi 29 juillet, dans la région du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays, des femmes ont été sauvagement agressées par jets d'acide dans la rue. Les premières étaient âgées de 18 à 50 ans et se promenaient dans un marché du quartier de Sariab. Les secondes, des adolescentes, revenaient de ce même marché de la capitale régionale, Quetta, avant de se faire brûler par l'agent corrosif de deux hommes à moto.
"Comme le veut notre tradition, elles portaient de grands châles et se couvraient le visage, c'est cela qui les a sauvées de blessures plus importantes", a confié la mère indignée de deux victimes à l'AFP. Une revanche personnelle ? Les sources locales ont précisé que les victimes n'avaient pas de conflits familiaux ou relationnels en cours. Les explications du drame tiennent forcément de la zone géographique de la région, très reculée, désertique et frontalière de l'Afghanistan et de l'Iran. Elle est la cible de nombreuses violences islamistes et des rebelles sécessionnistes.
Beaucoup pensent que les attaques viennent d'un groupe islamiste influent, l'Ahl-e-Sunnat Wal-Jamaat (ASWJ). "L'ASWJ contrôle le quartier avec des dizaines d'hommes armés", a expliqué un résident à l'AFP. L'organisation terroriste a déploré des "accusations sans fondements".
"Le but de ces actes inhumains est d'écarter les femmes de l'éducation, de la vie sociale, économique et politique en créant un climat de terreur", a justement condamné Jahanzaib Jamaldini, vice-président du Parti national baloutche. Et même si l'ampleur du phénomène a poussé le gouvernement à alourdir les peines de prison, en 2011, à 14 ans minimum, les hommes continuent de de s'en prendre en toute impunité aux femmes, qu'ils n'acceptent pas dans l'espace social.  

femmes pakistan
Les Pakistanaises se font attaquer au jet d'acide dans les rues... © Fotolia