La mort effraie-t-elle les Français ?

En ce week-end de Toussaint, le quotidien "La Croix" a enquêté sur les rapports qu'entretiennent les Français avec la mort. Selon le quotidien, celle-ci fait moins peur et ne serait plus aussi tabou.

Depuis une quarantaine d'années, la religion se fait moins présente dans les foyers français. Cette tendance, d'après le journal La Croix, a éloigné le "folklore" de la mort du champ social et familial. "Les rites classiques se sont lentement érodés. Les condoléances ont eu tendance à disparaître, la pompe funèbre a disparu, le gris a supplanté le noir", a noté dans un rapport en 2011 l'Observatoire de la fin de vie.
Selon le rapport, le tabou de la mort s'effriterait et ce, depuis le début des années 1980, avec le lancement des débats sur l'euthanasie ou le suicide assisté. L'émergence et le développement des soins palliatifs, qui accompagnent le patient jusqu'au trépas quand il n'y a plus d'espoirs de guérison, ont également un rôle majeur dans le rapprochement des Français avec la mort. Celle-ci "évidemment, fait peur, parce que l'on redoute les souffrances et la solitude. En promettant de les prendre en charge, les soins palliatifs aident à mieux envisager son décès", a déclaré la professeure de philosophie à l'Université de Lausanne, Alexandrine Schniewind. La première unité de soins palliatifs a ouvert, dans l'Hexagone, en 1987. L'année dernière, il y en avait 116.
Autre facteur de réconciliation: le vieillissement de la population. Avec l'amélioration des conditions de vie, les Français vivent plus longtemps qu'avant, ce qui les a obligés à se préparer plus facilement au grand départ. Selon une étude réalisée en 2007 par le Crédoc, 41% d'entre eux ont déclaré avoir laissé des instructions à suivre concernant leurs obsèques. La loi sur la fin de vie de 2005 appelée "loi Leonetti", incite la population française à désigner une personne de confiance qui aura pour but de témoigner des volontés de soins, ou non, du futur patient.
Interviewé par La Croix, François Michaud Nérard, directeur général des Services funéraires de la Ville de Paris, a affirmé qu' "il y a une levée du tabou dans les milieux concernés, dans les discours public et dans la sphère publique, par une omniprésence du sujet sur les écrans, aux informations dans les séries télévisées. Cela reste superficiel : pas plus qu'il y a dix ans, un jeune n'est aujourd'hui réellement confronté à la réalité de la mort".

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Les Français parlent de la mort avec de moins en moins de difficultés © Pictures4you - Fotolia.com