Maryse et Elsa Wolinski racontent "le plus phallocrate des féministes" et appellent à continuer Charlie

Rendant hommage à Georges Wolinski, sa femme et sa fille ont témoigné hier, faisant le portrait d'un dessinateur humaniste "tombé au champ d'honneur" des journalistes.

Maryse et Elsa Wolinski racontent "le plus phallocrate des féministes" et appellent à continuer Charlie

Georges Wolinski, après avoir perdu tragiquement sa première femme, avait renconté Maryse en 1968. Journaliste, écrivain, féministe convaincue, Maryse savait son époux en danger et partageait son combat. Elle a témoigné hier dans le Parisien et sur RTL, et  Elsa-Angela, l'une de ses trois filles, est intervenue sur Europe 1. Toutes deux, elles ont raconté qui était Georges, plein de talents, de contradictions, et d'amour.

On se souvient souvent de ses croquis licencieux, de ses femmes girondes à la langue bien pendue : Wolinski était "le plus phallocrate des féministes", selon sa fille. Mais aussi et d'abord un dessinateur engagé : "un grand humaniste", "un grand éditorialiste politique",  qui partageait avec toute l'équipe de Charlie "cette audace d'aller au bout des choses, avec conviction. [Il] disait qu'il fallait combattre, et que lui, il combattait avec son crayon et sa planche à dessin", a expliqué Maryse. Elle avait peur pour lui, qui de son côté "ne parlait jamais des risques". Elsa, élevée dans l'idée que son père faisait un métier à risques, pensait pourtant jusqu'à hier qu' "un dessinateur ne pouvait pas mourir pour ses idées." 

Aujourd'hui, malgré la douleur, ces femmes courageuses trouvent du réconfort dans l'idée qu'il soit mort "au champ d'honneur", comme le formule Maryse, "entouré de ses camarades, pour la liberté d'expression."  "Ce qui s'est passé hier pour moi, c'est une guerre contre la liberté, et cette guerre nous devons la gagner", ajoute-t-elle, appelant à continuer "absolument" Charlie. Elsa dit qu'elles ont "de la chance d'être autant soutenus (...) par cet élan de générosité et d'émotion", et que le nombre impressionnant de témoignages d'affection que la famille de Wolinski a reçus prouve que "c'étaient des hommes qui faisaient passer des messages."

 Hier, elle a publié sur Instagram une photo du bureau de son père, image déchirante d'une pièce de travail qui semble attendre un nouveau dessin mais dans laquelle son propriétaire n'entrera plus jamais. La légende dit : "Papa est parti, pas Wolinski."

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Photo postée par Elsa Wolinski © Instagram Wolinskikiki