Le gouvernement espagnol abandonne son projet de loi sur l'avortement

La réforme de la loi sur l'avortement a finalement été abandonnée par le gouvernement espagnol, après avoir été vivement critiquée.

Le gouvernement espagnol abandonne son projet de loi sur l'avortement

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a annoncé le retrait de son projet de loi controversé sur l'avortement. Le ministre de la justice Alberto Ruiz-Gallardón, qui a conçu la réforme, reconnaît "ne pas avoir été capable" de la mener à bien et se retire de la vie politique.
Ce projet de loi avait été approuvé en décembre 2013 et modifiait la loi de 2010 qui autorisait l'avortement jusqu'à quatorze semaines de grossesse pour toutes les femmes. L'IVG n'aurait été applicable que dans deux cadres avec cette réformele viol, attesté par un dépôt de plainte, et "un risque durable et permanent" pour la santé physique ou psychique de la mère, certifié par deux psychiatres. La malformation du fœtus n'entrait plus dans les conditions d'un motif valable.
Devant la levée de boucliers à gauche et les dissensions au sein de son propre Parti populaire majoritaire, le gouvernement conservateur de Rajoy n'avait même pas présenté son projet de loi au Parlement. "C'est une loi compliquée, sensible socialement [...] Le gouvernement veut travailler pour atteindre le consensus le plus large possible", s'est expliquée Soraya Saenz, la ministre numéro deux du gouvernement.
Les associations de femmes et les partis de gauche se félicitent de l'annonce de cet abandon : "Nous revenons au point que nous n'aurions jamais dû quitter : au cadre européen où l'on respecte la décision de la femme et surtout où l'avortement se fait dans des conditions sûres et égalitaires", exprime Isabel Serrano, porte-parole d'une plateforme pour l'avortement Decidir nos hace libre (Décider nous rend libres).
Dans un souci de solidarité envers l'Espagne, le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes "exprime sa vive satisfaction devant la décision (...) de retirer le projet de loi qui visait à revenir 30 ans en arrière en interdisant l'avortement." En revanche, il admet avoir des réserves quant à l'avenir: "La menace d'un retour en arrière n'est pas définitivement levée. Le gouvernement espagnol a en effet annoncé son souhait d'approfondir la réflexion pour faire accepter une réforme."
Mariano Rajoy tient personnellement à inclure la décision parentale dans le cadre de la loi pour les avortements qui engagent des mineures. Sans compter que ce projet de loi a été son cheval de bataille pour les élections de 2011.

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La réforme de la loi sur l'avortement a été abandonnée par le gouvernement espagnol. © Tisskananat - Fotolia.com