Les politiques, à la rescousse du mariage civil

Le gouvernement a présenté, jeudi 19 janvier, son projet pour valoriser le mariage civil et mieux y préparer les couples, espérant, au passage, limiter le nombre de divorces. Explications.

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Couple de mariés, début du 20e siècle. © FM.Fotolia.com

En France, 52% des mariages se soldent par un divorce. Or, pour le gouvernement, ces séparations ont un coût. "Les conséquences sont humaines et en même temps financières. Ça déstabilise un foyer, ça le précarise, ça rend très difficile la vie de celle ou celui qui reste seul", relevait, cet été, Claude Greff, avant de lancer sur le sujet des groupes de travail réunissant associations, élus et représentants de différents ministères.

Rapport public

Hier, la secrétaire d'Etat chargée de la famille a donc annoncé une série de propositions pour, notamment, "rendre les familles plus responsables et aider les candidats au 'oui pour la vie' à "assumer leur engagement". Résultat : un "kit de préparation au mariage", censé éclairer les futurs époux sur le contenu juridique de l'acte, devrait être prochainement élaboré et proposé aux maires de France. Il sera composé d'un livret récapitulant les droits et devoirs des conjoints et d'un "référentiel de formation", destiné principalement aux officiers d'état civil. Claude Greff a ajouté qu'elle appuierait certaines recommandations, comme la célébration des mariages civils en dehors de la mairie, dans des salles plus grandes, si nécessaire.

Une mesure qui divise les spécialistes de la famille

"Il faut faire en sorte que les gens scellent des liens en connaissance de cause", fait-on valoir à la Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC), partie prenante. La Confédération a notamment plaidé pour le développement d'un "temps de préparation pour les futurs époux à partir des articles du code civil", qui sont "trop méconnus et mériteraient d'être expliqués". "Par exemple, de nombreux mariés ne savent pas qu'ils s'engagent à être solidaires vis-à-vis de leur belle-famille", indique Serge Gillotin, président de l'association Cap Mariage, spécialisée dans la préparation des tourtereaux aux unions civiles. "C'est-à-dire leur donner des atouts pour le jour où ils rencontreront des difficultés", assure-t-il.


Béatrice Weiss-Gout, avocate spécialisée en droit de la famille, salue le projet: "Les gens n'ont souvent aucune idée des obligations et des conséquences du mariage", dit-elle, prenant l'exemple d'un chef d'entreprise qui ignorait qu'en cas de divorce, il devait partager la valeur de sa société avec son épouse. "Permettre aux amoureux de mieux se préparer et de renforcer le dialogue dès le départ serait très utile", estime-t-elle.


Grâce à cela, "on pourra peut-être éviter certaines ruptures", déclare François Fondard, le président de l'Union nationale des associations familiales (Unaf).


Pour François de Singly, sociologue, "selon une raison mystérieuse, en France, pays de la laïcité, le mariage civil a toujours été assez bâclé, laissant au mariage religieux les fastes de la cérémonie". Selon lui, il est ainsi intéressant de "réhabiliter l'institution, de nombreuses personnes décidant de se marier à l'Eglise uniquement pour avoir une cérémonie". Pour autant, "il est totalement illusoire de penser qu'une meilleure connaissance des textes limitera les séparations", explique -t-il. La preuve : elles sont le plus souvent à l'initiative des femmes, qui estiment que leurs maris ne font plus attention à elles ou ne participent pas assez aux tâches domestiques. Deux manquements, observe-t-il, "qui ne sont pas mentionnés dans le contrat de mariage"...