Laïcité: attention, polémiques sous le sapin

Mardi 9 décembre. C'est le jour qu'a choisi Najat Vallaud-Belkacem pour effectuer un déplacement sur le thème de la laïcité dans un établissement scolaire. Et pour cause : cette journée marque la date d'anniversaire de la loi de 1905 sur le sujet. Une date que tout le monde ne célèbre pas forcément...  
Accompagnée du président de l'Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, la Ministre de l'Education Nationale s'apprête à rencontrer l'ensemble des recteurs et des délégués à la laïcité de chaque académie. L'occasion de faire le point sur les divers sujets qui divisent les Français. Car les querelles sont nombreuses en cette fin d'année entre les partisans d'une laïcité pure et ceux qui défendent une application plus libérale...
Il était une fois crèche de Noël interdite. Un tribunal administratif a récemment jugé illégal la crèche installée par le Conseil général de Vendée, conformément à cette fameuse loi de 1905 : son article 2 interdit de financer et de privilégier un culte et son article 28 dispose qu'il "est interdit d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics", or édifices religieux ou musées.
Nathalie Kosciusko-Morizet a fait savoir que la crèche d'origine chrétienne est avant tout "un fait culturel" et Bruno Reailleau, président du groupe UMP au Sénat écrit : "Le respect de la laïcité n'est pas l'abandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles". Une position que se sont empressés de reprendre avec ferveur de nombreux élus de droite et d'extrême droite.
Cette polémique rejoint de près celle concernant le passage du Père-Noël dans les écoles. A Montargis, la directrice d'une école maternelle avait ainsi décidé de supprimer la traditionnelle visite du Père-Noël en fin d'année "afin de respecter les différentes croyances ainsi que les valeurs de l'école laïque".
Et si on faisait beaucoup de bruit pour rien ?  "Ce qui me navre dans cette polémique (...) c'est qu'on divise les Français avec si peu", confesse Jean Glavany sur sa page Facebook.
Rappelons tout de même que si la tradition du Père-Noël trouve ses origines en Europe du Nord, elle est popularisée aux Etats-Unis au XIXe siècle et nous devons sa représentation actuelle à la marque Coca-Cola (et au Plan Marshall), qui a fait du vieux monsieur vêtu de rouge une star interplanétaire en 1931. Le père Noël est d'ailleurs utilisé dans les pays n'ayant pas de tradition chrétienne tel que la Chine, comme un simple outil de vente et comme l'occasion de faire des cadeaux, de décorer la ville ainsi que de réunir la famille.
Alors, laïcité ou respect du patrimoine ?
Dounia Bouzar, chercheuse spécialiste de l'islam qui travaille régulièrement avec des collectivités locales confrontées aux faits religieux explique au Monde  : "Le problème est que l'on a encore du mal à bien définir la laïcité (...). Il faut par ailleurs assumer le fait que les normes françaises, le dimanche férié ou les vacances de Noël, sont issues d'une tradition chrétienne. Quitte à ce qu'un jour des fêtes venues de minorités religieuses basculent aussi dans du culturel partagé par tous."

Il n'y a pas si longtemps, le Père-Noël passait dans mon école et tous mes copains de cultures et de nationalités différentes se réjouissaient. Cela ne signifiait qu'une chose : l'hiver, la fête, la joie. Aucun traumatisme à l'horizon aujourd'hui...