L'emploi, enjeu majeur de la Présidentielle : les explications d'Alain Vidalies

En charge des thématiques Travail et Emploi au sein de l'équipe de campagne de François Hollande, Alain Vidalies commente pour nous les résultats de l'enquête Mediaprism sur les enjeux prioritaires de la Présidentielle.

L'emploi, enjeu majeur de la Présidentielle : les explications d'Alain Vidalies
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Portrait d'Alain Vidalies © Alain Vidalies

Avocat de formation, député des Landes, époux d'une inspectrice du permis de conduire et papa d'une (grande) fille, Emma, orthophoniste, Alain Vidalies est engagé en politique depuis près de quarante ans, puisqu'il animait déjà le collectif des étudiants socialistes lors de ses années à la fac de Pau.
Rapporteur de lois sociales importantes (sur la prévention des accidents du travail, la création du conseiller du salarié ou contre le travail clandestin), rapporteur, aussi, de la mission sur l'esclavage moderne qui dénonce le scandale de l'exploitation et de la traite des êtres humains, ce solide gaillard à l'accent chantant s'est également impliqué dans le débat sur les 35 heures et a participé à l'œuvre réformatrice de la gauche plurielle en matière de droit de la famille.

Figure incontournable du Parti socialiste, Alain Vidalies siège Rue de Solférino comme Secrétaire national au travail et à l'emploi, et conseille le candidat à l'Elysée sur ces vastes sujets. Il décrypte ici la dernière vague du sondage, l'Avis des Femmes.

L'emploi, enjeu majeur de cette élection pour 7 femmes sur 10.

Alain Vidalies : Je ne suis pas étonné. Cela correspond à la dure réalité des Françaises. Si l'on veut bien regarder la situation des femmes sur le marché du travail, elles payent le prix fort à la précarité : 80% des smicards sont des smicardes. Le chômage des femmes de plus de 50 ans a augmenté de 16% en 2011. Les femmes sont aussi les premières à subir le statut CDD, l'intérim forcé, le temps partiel... C'est une hypocrisie de parler de temps partiel choisi, elles le subissent, surtout dans la grande distribution.

 

Au sujet de l'emploi, un tiers des femmes place François Hollande comme le candidat faisant les meilleures propositions.

A.V : Là encore, elles sont bien informées. François Hollande présente un projet financé avec 60 propositions. Un des dispositifs envisagés, qui a pu notamment séduire les familles monoparentales, c'est le passage au temps plein encouragé par la diminution des cotisations sociales. Nicolas Sarkozy ne propose rien de concret. François Hollande a clairement dit qu'il porterait son effort sur les jeunes et les séniors avec le contrat de génération. C'est-à-dire la création de 150 000 emplois d'avenir, des contrats de 5 ans signés dans le secteur non-marchand, dans les zones défavorisées, avec une formation qualifiante et un temps complet à la clé. Des exemples de métier ? La professionnalisation du diagnostic énergétique (conseils sur les travaux pour l'améliorer) ou de l'aide à la personne (notamment l'accompagnement des personnes âgées). Ces deux secteurs offrent des gisements d'emplois.

 

François Hollande est aussi jugé le plus apte à améliorer le pouvoir d'achat.

A.V : En 2012, Nicolas Sarkozy ne peut plus être considéré comme le candidat du pouvoir d'achat car sa parole n'a pas été suivie d'actes. Il n'a rien fait pour améliorer les salaires, et regardez le prix de l'essence : le carburant atteint des sommets, même le gazole flambe !
François Hollande, lui, offre des réponses précises, concrètes, mesurées comme augmenter de 25% l'allocation de rentrée scolaire dès septembre, s'il est élu, ou contrôler les loyers avec une fourchette fixe pour pallier les problèmes de logement.
Les personnes interrogées ont sûrement été séduites par d'autres mesures fortes comme le coup de pouce au SMIC, indexé sur la croissance ou la maîtrise des dépenses de l'énergie, en fonction de la composition de la famille et de son utilisation des ressources. Avec François Hollande à la tête du pays, les factures courantes d'eau et d'électricité seront moins élevées. Ces pôles ne seront plus des budgets aussi conséquents dans le fonctionnement des foyers. Ainsi, prendre une douche coûtera moins cher, mais remplir sa piscine aura un coût supplémentaire.

Incontestablement, Nicolas Sarkozy se distingue de ses concurrents comme étant le plus enclin à faire des propositions sur la situation financière de la France.

A.V : Ce résultat est justifié par le créneau médiatique occupé par Nicolas Sarkozy. Il a échappé à son bilan et continue d'incriminer la situation internationale. Pourtant, il est comptable devant les Français. Sous son mandat, la dette a augmenté de 600 milliards d'euros. L'actuel chef de l'exécutif a abandonné des recettes en faisant des cadeaux fiscaux. Son plébiscite signifie qu'il nous reste du travail à faire pour convaincre.

Que proposez-vous pour "redresser la France", selon les termes de votre candidat?

A.V : François Hollande s'est engagé à revenir à l'équilibre financier en 2017. A la question : "Qui va payer pour la crise économique?", il répond, "chacun en fonction de ses moyens". Pour réaliser son projet, il souhaite mettre les finances publiques au cœur de l'Etat, à travers un pacte productif. Nicolas Sarkozy cible tous les consommateurs à travers la TVA, un impôt qui ne dépend pas du revenu, non proportionnel, inéquitable, injuste, donc.

Quel est votre ressenti sur François Hollande ?

A.V : Je soutenais initialement Martine Aubry, mais j'ai beaucoup de respect pour François Hollande qui incarne les valeurs en lesquelles je crois, et qui m'a fait confiance. Je le connais depuis longtemps. Je vois son évolution, la profondeur, la dimension, qu'il apporte au débat. Il s'est psychologiquement préparé à cette campagne dont il a une vision lucide. Nos relations de travail sont directes, franches et fortes. Compte de la situation sociale, je mesure sa détermination à changer les choses. Je suis rationaliste. Plus que l'enthousiasme envers quelqu'un, ma réflexion est le moteur de mon action. Et ses propositions me paraissent intéressantes. De façon plus personnelle, j'apprécie son rapport au pouvoir. "Je serai un président normal", a-t-il prévenu. Sa simplicité dans son rapport aux gens reflète bien sa personnalité.

Lire l'étude :

Retrouver notre dossier : L'avis des Femmes sur la Présidentielle