Kurdistan irakien : les femmes prennent les armes

En réaction à l'invasion des insurgés de l'Etat Islamique en Irak et au Levant, les femmes peshmergas sont formées pour se battre. Une force militaire féminine considérable contre l'EI et pour le Kurdistan irakien.

Au même titre que les hommes, les femmes kurdes se soulèvent pour protéger leur terre des djihadistes de l'Etat Islamique. Dans les rangs de l'armée du Kurdistan irakien, ces courageuses s'entraînent dans un complexe militaire de Souleimaniye, la seconde ville de la région autonome après Erbil. 
A l'encontre des nombreux clichés qui soumettent la femme orientale à un rôle primaire, ces guerrières qui exercent dans de nombreux domaines de la société, comme dans la vie militaire en temps de guerre, combattent les stéréotypes. 
Depuis l'arrivée des insurgés sunnites islamistes en Irak, qui soumettent l'armée d'Al-Maliki, le Premier ministre chiite irakien, les Peshmergas tombent à point nommé, à la fois pour appuyer les forces militaires du gouvernement irakien, mais aussi pour assurer l'avancée territoriale de leur région revendicatrice.
"Peshmerga" est un mot kurde qui signifie "ceux qui affrontent la mort". Les combattantes peshmergas n'ont donc pas froid aux yeux. Elles se sont organisées depuis le 18 novembre 1996 pour donner au Kurdistan d'Irak l'intégrité territoriale désirée depuis longtemps et une protection efficace contre les rebelles sunnites. "Les troupes sont prêtes pour le champ de bataille et n'attendent plus que l'ordre de rejoindre la ligne de front pour servir activement et défendre l'intégrité territoriale du Kurdistan contre la menace de l'Etat Islamique", a déclaré le Colonel Ahmad Rashid, maman d'une fille de 10 ans qui fait partie du 2nd bataillon, le seul exclusivement féminin.
Cette force féminine de 550 soldates fait partie intégrante des 200 000 Hommes qui composent l'armée kurde. "Maliki sait qu'il aura du mal à se passer de l'aide kurde. Sans les Peshmergas, qui sont des soldats aguerris, l'armée irakienne peinera à reconquérir seule les villes aux mains des djihadistes", a expliqué Karim Pakzad, un spécialiste de l'Irak, à l'Institut des relations internationales et stratégiques. A la fois contre Bagdad et contre les islamistes, la mobilisation kurde tire un bénéfice de cet affrontement sanglant qui oppose l'Irak au califat de l'Etat Islamique, proclamé le 29 juin dernier. Cette visibilité féminine souffle un air nouveau sur cette situation au Proche-Orient : si les Kurdes arrivaient à faire tomber les armes des islamistes d'al-Baghdadi, les combattantes auraient leur part de gloire et une marge de manœuvre encore plus grande dans les décisions qui les concernent. La prise d'armes et la guerre seraient-ils facteur d'émancipation ? Ces Amazones d'Irak auront au moins la légitimité d'avoir protégé leur Kurdistan contre l'invasion terroriste. 

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Portrait d'une femme Peshmerga dans le quartier militaire après un exercice. © Vianney Le Caer - SIPA
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Une marche militaire des femmes peshmergas du 2nd bataillon, pendant un exercice. © Vianney Le Caer - SIPA