Un mariage entre une juive et un musulman embrase Israël

Le mariage de Mahmoud Mansour, d'origine palestinienne, et de Morel Malka, une éducatrice juive convertie à l'islam par amour, devait être le plus beau jour de leur vie. Jusqu'au moment où des extrémistes religieux juifs se sont invités de force pour jouer les trouble-fête...

Roméo et Juliette. Une pièce de Shakespeare qui ne se démode pas dans certains pays où l'honneur prime sur l'amour. Dimanche 17 août, des amoureux se sont unis, pour le meilleur et pour le pire, en Israël. Sauf que le pire, Mahmoud Mansour et Morel Malka l'ont connu, et bien avant le meilleur.
Il a 26 ans, est d'origine palestinienne, naturalisé israëlien. Elle est juive, éducatrice, et a 23 ans. Par amour, elle s'est convertie à l'islam. Et, par amour encore, ces deux jeunes ont pris la décision de se marier. Cet acte banal de cristalliser ses sentiments par les liens du mariage est une rude épreuve en Israël, où Juifs et Arabes subissent la pression, même à titre personnel, d'un conflit politique et ethnique qui ne trouve pas de solutions.
Depuis Bordure Protectrice, l'opération israélienne soutenue par 95 % du peuple d'Israël, chacun reste figé sur ses convictions et les extrémismes sont exacerbés. En voilà un triste exemple. Deux groupes juifs extrémistes ont trouvé sur Facebook le faire-part de la célébration. Dans un premier temps, l'organisation israélienne Lehava (signifiant "la Flamme", mais aussi "empêcher l'assimilation en Terre Sainte") a appelé ses membres à manifester devant le lieu de la fête. Le ton a vite été donné : "Nous allons demander à notre soeur de rentrer à la maison avec nous, le peuple juif, qui l'attend", a rapporté le site Arutz Sheva.

Puis,Yad L'Achim, un autre groupe ultra-orthodoxe, s'est engagé à remettre "dans le droit chemin" la future mariée. 

La douleur de l'amour. "Nous sommes ensemble depuis cinq ans, mais nous n'avions jamais fait face à un tel racisme. J'ai toujours su qu'ils étaient racistes, mais tant que vous n'y êtes pas confrontés, que vous n'en souffrez pas dans votre propre chair, vous ne pouvez comprendre de quoi il s'agit", a confié le fiancé au quotidien Haaretz. Il a même été renié par son beau-père, qui a laissé une chaise vide lors de la réception. 
En guise d'allée nuptiale, les jeunes mariés ont reçu, à la place d'acclamations de joie ou d'un potentiel lancé de riz, des "Mort aux Arabes", "Vous n'aurez pas ma soeur", "La fille d'Israël au peuple d'Israël", mais aussi, un bel "amour pour tous", ou "seul l'amour vaincra", de la part des contre-manifestants.
Alors, malgré le soutien du nouveau président d'Israël, Reuven Rivlin, apporté aux mariés, cet épisode dramatique illustre la haine anti-arabe décomplexée et le climat de tension qui règne à Gaza.

"Un mariage judéo-musulman attise les tensions en Israël"