Hommes battus : le tabou perdure

Les violences conjugales à l'encontre des hommes restent encore un tabou. C'est ce que le colloque organisé par l'association SOS Hommes battus a révélé grâce aux témoignages de victimes.

Lorsque l'on entend "violences conjugales", on pense tout de suite à celles faites aux femmes. Elles sont trois fois plus nombreuses à déclarer avoir subi des violences physiques ou sexuelles en deux ans selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Mais il ne faut pas oublier que les hommes ne sont pas épargnés par ces actes de brutalité dans le couple. "Le stéréotype de la femme victime domine. On attribue la violence aux hommes, la douceur aux femmes", déplore Catherine Ménabé, doctorante en droit pénal et sciences criminelles auprès du Nouvel Obs. Elle rappelle qu'un homme décède tous les 10 jours sous les coups de sa compagne et qu'il représente une victime sur cinq. Les hommes sont moins nombreux à porter plainte, 3500 contre 16 000 pour les femmes, parce qu'ils considèrent que "cela ne sert à rien" et surtout parce qu'ils n'ont pas envie que cela se sache. En effet, ils doivent affronter le regard des autres, notamment des policiers et des magistrats. Une victime témoigne de l'indifférence d'un policier, qu'il était venu voir pour porter plainte : "Il me faisait comprendre que si j'avais été un vrai homme, je me serais défendu". Les chiffres sont déconcertants : 3 plaintes sur 4 déposées par un homme sont refusées ! A tel point que les hommes battus connaissent les commissariats où il faut aller, et ceux où leur plainte ne sera pas acceptée. Les victimes pointent aussi du doigt le manque d'information autour de ce fait de société : "J'ai eu beaucoup de mal à mettre des mots sur les actes. Il m'a fallu dix ans pour comprendre que j'étais victime de violences conjugales", déclare une victime. Combien de temps faudra-t-il pour que ce tabou se transforme en véritable cause ?

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Le tabou. © Tiler84 - Fotolia