Les Hipsters, c'est fini : bienvenue chez les Twee

Depuis quelques temps, un (presque nouveau) mouvement prend place et balaie d'un revers de la main les hipsters et autres normcores : la génération twee. Twee ? Késako ?

Avez-vous déjà vu... Le mot "twee" ? Non, pas "tweet", "twee".
On vous le disait il y a quelque temps, les hipsters, c'est du passé, les hipsters, c'est dépassé. Leur cynisme a fini par lasser (et entre nous, c'est pas trop tôt).
Selon un article paru en 2012 sur le magazine The Flack, l'adjectif "twee" s'utilise pour qualifier quelque chose d'"excessivement délicat, mignon ou au charme suranné ou pittoresque". 
A quoi peut-on repérer un twee ? Le twee est un être gentil, happy, un peu naïf, un peu niais, un peu mièvre.
S'il était un bonbon, il serait un chamallow. S'il était un animal, il serait un petit chaton. S'il était un vêtement, il serait une robe à pois. S'il était une personne, il serait Zooey Deschanel.
Oui, en fait, la twee-attitude, c'est Zooey Deschanel qui va s'acheter des cupcakes avec son vélo, en habits vintages, une chanson de Belle And Sebastian aux oreilles et un rainbow loom au poignet. 

twee1
Zooey Deschannel, prêtresse des twee © Instagram

Le mot, qui vient de la façon dont les bébés s'essaient à prononcer "sweet" ("doux" en anglais), n'est pas nouveau. En musique, la "twee pop" désigne depuis quelques temps déjà un sous-genre du rock alternatif caractérisé par des mélodies légères et des paroles naïves (exemple, The Cardigans). Si vous vous rendez à l'étranger pour des festivals de musique, vous pourrez être témoins du must-do absolu du twee : aux Etats-Unis surtout mais aussi au Pays-Bas, on échange des "Kandi bracelet" avec quelqu'un que l'on rencontre pour témoigner de notre "amour", comme le souvenir vécu d'un moment fort avec une personne que l'on ne reverra peut-être jamais. Sur ces bracelets, on trouve souvent le sigle "PLUR", pour "Peace, Love, Unity, Respect" (Paix, amour, unité, respect). 

plurkandi2
Deux festivalières échangent un "Kandi" bracelet © Instagram

Contrairement aux hipsters, pour être twee, il faut surtout être gentil et au XXIe siècle, il semblerait que ce soit plus facile à dire qu'à faire.
Dans son livre  Twee : The Gentle Revolution in Music, Books, Television, Fashion & Film., Marc Spitz décrit la twee révolution comme le mouvement de jeunesse "le plus puissant depuis le punk et le hip-hop". Il écrit : "L'esthétique twee est née pendant et juste après la seconde guerre mondiale. Ses personnages-clés avaient vu les combats, la cruauté, la destruction. Ça les avait effrayés, mais pas cassés. Ils ont riposté par la créativité et la fantaisie. Walt Disney, par exemple, qui a fait des films pour souder les troupes. Et Theodore Geisel, alias Dr Seuss. Et Salinger, sans doute la figure twee la plus influente, qui avait été soldat, vu les horreurs des camps, et souffert plus tard de dépression. Ce sont les ancêtres du mouvement. "

snd
Zooey Deschannel © SND

Faut-il donc avoir vu l'horreur pour devenir un twee ? Et qu'est-ce qu'un twee aujourd'hui ?
Là où la Génération Y constitue une génération de jeunes pessimistes lucides face à la crise et au monde qui l'entoure déjà au bord du burn-out, les twee représentent une jeunesse incapable de prendre des responsabilités qui se réfugie dans un univers complètement aseptisé.  Ces jeunes adultes qui souffrent du syndrome de Peter Pan craignent ce monde, d'adultes justement, où ils sont si vite propulsés.
Aujourd'hui, le terme est souvent utilisé de manière péjorative, mais n'avons-nous pas tous besoin d'un peu de gentillesse et d'insouciance ?
Car les twee portent en eux des valeurs louables bien que peu souvent louées telles que la tolérance, le partage, l'amour. D'ailleurs, selon l'auteur du "Twee Blog", les twee n'ont pas de rapports sexuels, ils "font l'amour".
Alors, on se convertit à la twee-attitude ?