Service sexuel aux handicapés : le tabou perdure

Le Comité d'éthique vient de se prononcer en défaveur des assistants sexuels. Légal aux États-Unis, leur travail a été récemment mis en lumière par Hélène Hunt dans le film "The Sessions" de Ben Lewin.

Le Comité national consultatif d'éthique (CCNE) vient de trancher : NON.
L'assistance sexuelle pour les personnes handicapées ne sera pas rendue légale en France. La question avait été soulevée à l'époque par Roselyne Bachelot, alors ministre des Solidarités et des cohésions sociales. Elle a été relancée récemment dans le film "The Sessions", sorti en salle le 6 mars dernier. L'actrice américaine Hélène Hunt y incarne une assistante sexuelle.
Plusieurs associations françaises s'appuient sur ce film, inspiré d'une histoire vraie, pour réclamer le droit à une aide sexuelle des handicapés. Un tel service existe déjà chez nos voisins allemands, hollandais, suisses et danois. Les assistants au sexe peuvent prodiguer des caresses érotiques, proposer des contacts physiques allant jusqu'aux rapports sexuels.
Crainte des dérives. Selon le CCNE, de telles pratiques présentent des risques trop importants. "D'une part, les bénéficiaires sont des personnes vulnérables et susceptibles d'un transfert affectif envers l'assistant sexuel, souligne-t-il. D'autre part, rien ne peut assurer que ce dernier ne va pas lui-même se rendre vulnérable par une trop grande implication personnelle dans son service".
Le CCNE ne souhaite pas légaliser une forme de prostitution : "Il n'est pas possible de faire de l'aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain. Il semble difficile d'admettre que l'aide sexuelle relève d'un droit assuré comme une obligation de la part de la société et qu'elle dépende d'autres initiatives qu'individuelles".

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Hélène Hunt, assistance sexuelle dans "The Sessions" ©  Twentieth Century Fox France

Accompagnement vers la sexualité. Dans l'Hexagone, une relation sexuelle tarifée est considérée, de fait, comme relevant du proxénétisme. Dans son rapport, le CCNE souhaite néanmoins que le personnel soignant puisse être mieux formé à l'accompagnement sexuel des handicapés, en leur proposant des moyens mécaniques d'accès à la satisfaction sexuelle ou en les aidant dans l'apprentissage des relations entre personnes handicapées.