La GPA restera interdite en France

Manuel Valls a précisé, via une interview au quotidien La Croix, la position du gouvernement sur les mères porteuses. La GPA "est et sera interdite en France", assure-t-il.

"Une pratique intolérable de commercialisation des êtres humains et de marchandisation du corps des femmes." C'est en ces termes que Manuel Valls évoque la gestation pour autrui (GPA), dans une interview pour La Croix publiée vendredi 3 octobre. Le Premier ministre a profité de cet entretien pour statuer sur les mères porteuses. Il l'affirme : la technique "est et sera interdite en France".
A deux jours d'un nouveau rassemblement de la Manif pour tous contre la politique familiale et sociale du gouvernement, Manuel Valls tente d'apaiser les choses.
Ainsi, il annonce que les enfants nés de mère porteuse à l'étranger ne seront pas automatiquement reconnus en France, car "cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA". "Il est incohérent de désigner comme parents des personnes ayant eu recours à une technique clairement prohibée tout en affirmant qu'ils sont responsables de l'éducation des enfants, c'est-à-dire chargés de la transmission de nos droits et de nos devoirs. Il ne faut pas laisser dire non plus que ces enfants sont sans filiation ni identité. Ils ont une filiation et une identité, mais établies à l'étranger", détaille le Premier ministre.
Même si la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme pour ne pas avoir reconnu des enfants nés de mère porteuse aux Etats-Unis, le gouvernement ne compte pas remettre l'interdiction en cause. Il préfère se laisser "le temps de la réflexion" pour décider du statut exact de ces bébés et de leurs droits. En attendant, Manuel Valls a annoncé que le pays souhaitait, dans les semaines qui viennent, lancer "une initiative internationale qui pourrait aboutir, par exemple, à ce que les pays qui autorisent la GPA n'accordent pas le bénéfice de ce mode de procréation aux ressortissants des pays qui l'interdisent".
Quid de la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de femmes, actuellement interdite ? "Nous n'avancerons pas plus loin sur cette question tant que nous n'aurons pas l'avis du Comité consultatif national d'éthique", a déclaré le chef du gouvernement. Depuis septembre, la Cour de cassation a, quant à elle, autorisé l'adoption d'un enfant né de PMA à l'étranger.
Manuel Valls conclut l'interview sur la notion de famille. "Je crois que, dans ces moments de crise d'identité, la famille est un repère, un pôle de stabilité. Elle a évolué, certes, et c'est notre rôle que de l'accompagner. (...) Dans un monde ouvert où tout s'achète, où tout se vend, où les valeurs et les principes ne sont pas suffisamment hiérarchisés, le rôle de la loi, c'est de poser des limites, de garantir un socle de principes qui organisent la vie en société. C'est la philosophie de mon gouvernement."