France : Quand la jeunesse broie du noir

Fin 2013, 210 000 jeunes de 18 à 34 ans ont été invités par France Télévisions à participer à l'opération "Génération quoi" et à répondre à un long questionnaire sur eux-mêmes et leur génération. Les réponses ont été analysées par deux sociologues de la jeunesse, Cécile Van de Velde et Camille Peugny. Résultats.

La jeunesse n'est pas très optimiste et ça se voit. Un questionnaire proposé à des jeunes fin 2013 apporte des conclusions plutôt effrayantes sur le ressenti de la jeunesse française. Et pour cause : Les mots-clés librement choisis pour définir leur génération sont décourageants : "sacrifiée", "perdue",  "désabusée", "désenchantée", "galère"...
Selon  les deux sociologues de la jeunesse Cécile Van de Velde et Camille Peugny, qui ont notamment été en charge de rédiger ce questionnaire : "Autant ''sacrifiée' est un terme qui a pu être induit par le discours des médias, autant ''perdue' semble un choix spontané".
Seuls 25 % des 18-25 ans estiment que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents et ils sont 45 % à penser qu'elle sera pire. Près d'un tiers des sondés sont convaincus qu'ils ne connaîtront jamais autre chose que la crise.

Pour les deux sociologues, le second élément majeur de cette enquête est que "Les 18-25 ans qui ont participé font voler en éclats le mythe d'une société méritocratique". En effet, les jeunes semblent impitoyables quant au fonctionnement du système éducatif en France. D'après eux, le mérite n'est pas récompensé (à 61%), et ce système ne donne pas sa chance à tous (à 61% également).
Pour ce qui est de la sphère professionnelle, les jeunes n'ont pas l'impression non plus que leurs mérites et leurs efforts soient récompensés : par exemple, 60 % des interrogés ne se croient pas payés à la hauteur de leurs qualifications.
"Les jeunes se sentent abandonnés par la société. Ils ne sont pas aux commandes de leur vie, ils subissent. Sont frustrés de ne pas pouvoir faire leurs preuves, montrer qui ils sont", affirment les sociologues. 

Si la France ne paraît plus leur convenir, l'étranger en tout cas, semble un bon échappatoire : À la question "T'installer à l'étranger, ça te tente ?", les trois quarts des participants répondent "oui" et 24 % des jeunes se sont même reconnus dans la réponse pour le moins révélatrice qui leur était suggérée : "Dès que je peux, je me barre".

Heureusement, la famille semble être un bon point de repère pour nos jeunes : lorsqu'ils sont amenés à  qualifier leurs relations avec les parents, 27 % des jeunes les décrivent comme "idéales"et 53 % comme "cool". Seuls 10 % les jugent "moyennes" ou "hypertendues". 
Les parents garantissent qu'ils sont fiers de leur parcours (à 89 %) et qu'ils les soutiennent dans leurs choix (à 91 %).
Près de la moitié (46 %) des répondants en revanche n'ont pas du tout confiance en les femmes et hommes politiques et estiment même qu'ils sont "tous corrompus".  Ils sont par ailleurs presque tout aussi sceptiques à l'égard des médias, puisqu'ils sont près de 40% à ne pas leur faire confiance également.

Enfin, à la question "Est-ce que tu participerais à un mouvement de révolte type Mai 68 demain ou dans les prochains mois ?", les jeunes répondent "oui" à 61% 

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