Carla Bruni-Sarkozy : salut l'artiste, bonjour tristesse

Fin 2007, Nicolas Sarkozy, émerveillé par Carla, s'ouvrait au monde de l'Art avec les yeux de l'amour. Début 2012, c'est son épouse qui a opéré une métamorphose : l'Italienne bourgeoise-bohême s'est muée en "Française moyenne". Portrait d'une sexy (First) Lady devenue "ménagère de moins de 50 ans".

Au sommet, les sentiments sont toujours là. Mais d'influences en concessions, le couple a évolué, muri, changé. Moins de baisers brûlants, de câlins face caméra ou de déclarations enflammées. Davantage d'ambition, de communication et de regards complices. Les amoureux ne se dévorent plus de yeux, ils regardent les chiffres des sondages.

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13/07/2010: Carla Bruni Sarkozy reçoit les épouses des chefs d'Etats africains à l'Elysée. © Christophe Petit Tesson/MAXPPP

Flashback

Chanteuse folk, "de gauche", Carla épouse le destin présidentiel le 2 février 2008. Unie "à l'homme de sa vie", parfaite hôtesse de l'Elysée, Carla enchante par ses bonnes manières. Partout on loue sa grâce, son élégance et son engagement philanthropique.
Oublié le bling-bling, la Rolex, les Ray-Ban. Carla choisit les cravates de son mari et le met au régime. Elle surveille ses courbes, limite sa consommation de chocolat et lui impose une coach sportive. Le soir, pas de dîner en ville, mais des plateaux-repas (équilibrés) devant un Fellini, un Kubrick ou un Woody Allen.
Carla met son grain de sel dans la "culture" présidentielle, glisse ses ouvrages préférés sur la table de chevet de son bien-aimé et lui fait écouter les Stones, Bob Dylan, Lenny Kravitz et Julien Doré.
Calme, apaisé, relooké par sa douce moitié, Nicolas Sarkozy laisse au vestiaire familiarité et agressivité. Il endosse ses nouveaux habits : ceux de (re)présidentiable (et heureux, aussi).

Berceuse diplomatique

Puis, maman à 44 ans d'une petite Giulia, Carla Bruni-Sarkozy impose langes et biberons au Palais. Plus surprenant, l'ancienne top-modèle, qui se tenait volontairement en dehors de la politique, se met à pester publiquement contre les journalistes... et l'opposition. Physiquement, la muse aux yeux de chats se change en "madame tout-le-monde". Son image se veut désormais celle de l'épouse aimante et attentive, propre à séduire la "classe moyenne" ciblée par le candidat.

"Elysée moi !"

L'ex-mannequin croqueuse d'hommes clame sa foi en "Nicolas qui a tout fait bien pendant cinq ans. Il est très bon, il a l'expérience et du courage (...) Quand je vois ce qui se passe en Grèce, j'ai peur. J'ai moins peur en me disant que c'est lui le Président (...) Il a un sens du devoir, Nicolas, inimaginable. Il n'arrête jamais. Il travaille tout le temps, il travaille 20 heures par jour. J'ai peur qu'il meure, qu'il tire trop sur la corde", dit-elle, tournant le dos à la jeune bourgeoise rock'n'roll qu'elle incarnait encore il y a peu.

Alors qu'elle conseillait à son conjoint la lecture des grands classiques de la littérature, Carla détaille désormais ses préférences pour des sitcoms populaires, dit adorer le foot et confesse une passion récente pour le cyclisme: Nicolas lui a "fait découvrir le Tour de France".

La Grande Boucle

Exit le temps où Carla et Nicolas Sarkozy se faisaient des soirées DVD et savouraient les films de Dreyer, Visconti, Lubitsch et Capra. Désormais, la première dame "regarde Plus Belle la Vie avec sa fille dans les bras", trouve l'émission L'Amour est dans le Pré, "absolument fabuleuse", "frissonne devant Koh Lanta" et "rêve de participer à Rendez-vous en terre inconnue".
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Carla Bruni n'est pas assez banale pour que les gens s'identifient, alors elle revendique, non pas des goûts d'intellectuelle, mais de femme simple, sensible, gentille, voire commune. Carla feint de ne pas attacher d'importance à son image, mais elle la soigne", nous explique le sémiologue François Jost.

Une ravissante idiote ?

"Sur le terrain, je ne ressens pas d'agressivité, les gens semblent aimer Nicolas. L'anti-sarkozysme est un phénomène d'élite parisienne. Nous sommes des Français modestes", a osé l'héritière Carla, en début de campagne. Pourquoi ?

Eloigner le spectre de Cécilia

L'ex-femme de Nicolas Sarkozy avait été une de ses proches collaboratrices lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, et elle jouait auprès de lui un rôle stratégique majeur. Leur histoire s'était terminée par des déchirements orageux, au moment de l'élection 2007. "Ma famille explosait", a récemment confié le président candidat, justifiant au passage certains des errements de son début de mandat: vacances sur le yacht du milliardaire Vincent Bolloré ou fête controversée avec de riches chefs d'entreprises pour célébrer sa victoire au Fouquet's, restaurant huppé des Champs-Elysées. Parfois maladroitement, Carlita cherche à prendre le contrepied.

L'exercice et l'Etat

Elle devait "brunifier le sarkozysme", selon la formule de son ami Christophe Barbier, directeur de L'Express. C'est Carla Bruni-Sarkozy qui semble, aujourd'hui, la plus transformée par les affres du pouvoir.

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