Cahuzac : une affaire de mensonge

L'ex-ministre du budget a avoué détenir un compte à l'étranger. Après avoir ouvertement menti au gouvernement et aux Français, une tempête médiatique s'abat sur Jérôme Cahuzac.

Le mensonge est un très vilain défaut, on le sait. Mais Jérôme Cahuzac n'était apparemment pas au courant. L'ancien ministre du budget a reconnu hier détenir un compte à l'étranger depuis une vingtaine d'années. Son acte lui a valu de perdre sa place au gouvernement, au Parti Socialiste, ainsi que sa crédibilité en tant que personnalité politique... et personnalité tout court. Mis en examen pour blanchiment d'argent et fraude fiscale, Jérôme Cahuzac a été entendu à sa demande par Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, les juges chargés de l'instruction. D'une valeur de 600.000 euros, le montant de son compte à l'étranger va être transféré en France. Le président de la République, de son côté, a pris "acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac", qui "a commis une impardonnable faute morale" en "niant les faits ". Cette affaire vient surplomber à un grand nombre d'autres, toutes mises en lumière par les politiques fiscales engagées par François Hollande. On pense notamment à l'Affaire Depardieu. L'ensemble du gouvernement semble balayé par un souffle de honte et de doutes quant aux connaissances du président et de Pierre Moscovici sur la situation financière de son ministre. Aujourd'hui, tous les quotidiens français présentaient en première page le visage de celui qui défendait la politique des 75%. Libération titre "Indigne" en capitales, tandis que Le Monde rebaptise l'Affaire "La bombe Cahuzac". En réponse à ce pesant scandale, le président de la République a annoncé plusieurs mesures pour un exemplarité totale de son gouvernement. Il s'est engagé aujourd'hui à présenter un projet de lois au Parlement afin de "lutter de manière impitoyable contre les conflits entre les intérêts publics et les intérêts privés et assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires ".

affaire cahuzac parlement
Jérôme Cahuzac risque 5 ans de prison pour fraude fiscale © CHAMUSSY/SIPA