#BringBackOurGirls : l'esclavage, toujours d'actualité au XXIe siècle

Boko Haram a déclaré vouloir "vendre" les 200 lycéennes enlevées au Nigeria il y a un mois pour les "traiter en esclaves". L'annonce a alerté la communauté internationale, alors que chaque année des millions d'esclaves modernes subissent la servitude.

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Michelle Obama, sur son compte Twitter © Twitter Michelle Obama

Au Nigeria, 223 lycéennes ont été enlevées par le groupe armé Boko Haram. Elles sont retenues en captivité depuis un mois et le leader de la secte islamiste a menacé de les "vendre", les "traiter en esclaves" et les "marier de force". Depuis cette annonce, la communauté internationale montre sa désapprobation et soutien les jeunes femmes avec le hashtag #BringBackOurGirls. "Malheureusement, ce qui arrive n'est pas un cas isolé. L'affaire de Boko Haram met en lumière un phénomène qui existe bel et bien : l'esclavage moderne, remarque Sylvie O'Dy, présidente du Comité contre l'esclavage moderne (CCEM). Là aussi, tout a commencé dans l'indifférence avant que le grand public ne se sente préoccupé grâce aux réseaux sociaux et à l'intervention de Michelle Obama", note celle qui se bat contre ce fléau depuis des années.
Travail et mariage forcés, esclavage sexuel, enfants soldats, trafic d'organes, esclavage pour dettes ou encore traditionnel : la traite des êtres humains existe toujours au XXIe siècle. Le département d'Etat américain le prouve chaque année avec son Trafficking In Persons Report, qui dresse le portrait de l'esclavage moderne. Le monde compterait 30 millions de personnes assujetties encore aujourd'hui. De son côté, l'Organisation Internationale du Travail estime qu'en 2010, 52,6 millions de personnes auraient été soumises au travail domestique. "En Afrique, 4 personnes sur 1 000 travailleraient de force. Au sein de l'Union Européenne, ce serait une personne sur 1,5 million", déplore Sylvie O'Dy. Avec 32 milliards de d'euros de chiffre d'affaire annuel, la traite d'êtres humains serait le troisième trafic le plus répandu, après le trafic de drogues et le trafic d'armes.

La France, mauvaise élève

Il ne faut pas croire que la France, Nation des droits de l'Homme, déroge à la tendance générale. "Notre pays a été épinglé deux fois par la Cour européenne des droits de l'Homme en sept ans", rappelle la spécialiste. L'Etat a été condamné "pour ne pas s'être donné les moyens législatifs et administratifs de combattre efficacement la servitude et le travail forcé". Malgré l'abolition de la pratique il y a 166 ans, la loi sur le crime d'esclavage et les délits de servitude et de travail forcé a été introduite dans le Code pénal le 5 août... 2013.

Engagé depuis 1994 dans ce combat, le CCEM est venu en aide à 700 personnes depuis le début de son action. Il s'occupe d'accueillir les victimes et de les aider juridiquement, socialement et administrativement. Sa présidente se rappelle un cas récent : l'année dernière, une jeune Africaine a été achetée 4 500 euros par un couple du Vaucluse pour devenir bonne à tout faire. "Il faudrait dire aux gens de ne pas croire aux promesses de scolarisation ou autreIl y a un vrai manque d'information...", regrette Sylvie O'Dy. Pour mieux lutter contre l'esclavage, elle estime qu'il faudrait davantage "identifier les victimes, les informer, leur venir en aide et les accompagner dans leur réinsertion". Mais aussi "appliquer la loi et punir les coupables".

Le Comité a dû louer un appartement pour héberger les personnes qui font appel à lui et mener à bien son combat. L'enlèvement de Boko Haram permettra peut-être une prise de conscience collective. Pour que cette situation alarmante évolue enfin.

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Campagne d'Amnesy International © Capture d'écran Amnesty International