Brigitte : les pétroleuses

Sylvie Hoarau, brune intello, et Aurélie Maggiori, blonde vénitienne et incendiaire forment le groupe Brigitte. Un duo glamour comme Bardot, créatif comme Fontaine et sexy comme Lahaie. Emancipées, super-lookées, ultra-douées, ces deux gonzesses vous emmènent au Far West pour des balades rétro folk et caracolent en tête des charts avec leur opus "Et vous tu m'aimes". Rencontre avec deux séductrices inspirées qui mettent la féminité en musique, avec succès...

Journal des Femmes : Un prénom pour deux femmes, une identité pour deux personnalités... Vous partagez aussi le même caractère ?
Aurélie :
Lorsqu'on a écrit et composé l'album, on a ri et pleuré ensemble, sur les mêmes choses. On est complices, bienveillantes, mais on assume de ne pas être monochromes.

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Pochette de l'album, disque d'or. © SdP 3e Bureau-Wagram

Un duo de filles, ce n'est donc pas le crêpage de chignon assuré ?
Aurélie :
Au contraire ! On s'inscrit dans une philosophie du "oui", de la joie de vivre. On se motive, on se désinhibe, on se pousse à se surpasser.
Sylvie : Lorsqu'il y a conflit, ce sont des discussions vives et l'on finit toujours par changer d'avis !

D'autres interprètes se sont fait un prénom en solo, si Brigitte avait un pseudo, ce serait plutôt Dorothée, Camille, Anaïs , Barbara, Christophe ou Renaud ?
S :
Impossible de trancher. Nous sommes pour le mix, la rencontre, le partage, les flux qui vont dans tous les sens...
A : Lorsqu'on n'est pas obligé de faire un choix, on en profite ! (rires)

Vous êtes des musiciennes très demandées, mais aussi deux jeunes mamans. Comment conciliez-vous carrière de rock-star et vie de famille ?
A :
(Fière, elle sort une photo de sa marmaille affalée dans les canapés des coulisses de l'Olympia). On est comme toutes les trentenaires qui bossent, finissent tard, parfois, et ne peuvent pas aller chercher leurs gamins à l'école. On a des copines, un mari, une baby-sitter... On gère.
S : C'est plutôt normal, pas très original et surtout, c'est plus facile d'être sur scène que d'assurer comme ouvrière à la chaîne...

Dans la chanson "J'veux un enfant", vous exprimez un désir physique de porter un bébé...
A :
Je n'ai pas réussi à tomber enceinte pendant trois ans. Ça a été une souffrance, une vraie douleur. Cette envie, je l'avais chevillée au corps, alors aujourd'hui (avec 32 ans et deux bouts de chou au compteur) c'est le bonheur !

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Portrait de deux Calamity Jane © SdP 3e Bureau-Wagram

Vous déclarez "la belle, je sais faire, la gueule, la cuisinière, la pute, aussi". C'est ça, votre version du "girl-power" ?
A :
Un peu. On essaye d'être "toutes les femmes", mais on ne se veut pas "modernes", ce n'est pas notre combat.
S : On espère réunir les générations, plaire aux filles, comme aux garçons !

Est-ce, comme dans la "Vengeance d'une louve", lorsque l'on vous cherche, on vous trouve ?
S :
Nos paroles sont des exagérations. Oui, on est possessives, vis-à-vis de notre homme, de nos petits, de nos proches. Mais on a jamais tué personne !
A : C'est plus une menace. A la ville, nous sommes du genre câlines et douces.

Le titre "Encore un verre" sonne comme une berceuse pour les Bridget Jones qui noient leur chagrin dans l'alcool. Vous l'avez endormie, la fille paumée, excessive, fragile qui sommeille en vous ?
A et S, d'une même voix :
Pas du tout ! On a bien fait la fête à Cognac, on sait profiter des soirées. Ce n'est pas sans conséquences...

On dit que la gloire rend belle et booste l'égo. Avez-vous des rituels cosmétiques à partager ?
S :
Ma naïveté me permet de rester jeune, parait-il... (elle a 41 ans)
A : Mettre en avant ses cheveux, c'est super important, sourire aussi, et avoir le rose aux joues. On ne sort jamais sans être parfaitement maquillées.

Quel est votre produit fétiche ?
S :
On se met des tonnes de crème sur les mains, sur le corps...
A : Les artifices me fascinent, les cosmétiques, tous les flacons, sans exception.

Votre style vestimentaire est hyper-affirmé. Avez-vous une marque, un créateur de prédilection ?
A :
Il y a des gens qu'on adore : Alexis Mabille qui nous a sublimées pour le Prix Constantin, la mère et la fille de l'Atelier Mercadal, pour les chaussures. On est fan de Victor & Rolf. On adore aussi le créateur Eric Hallé, un artiste qui construit des accessoires, des masques, des épaulettes, à partir de cristaux. Il a participé aux dernières collections Paco Rabanne. Son travail est animal et paillettes à la fois. Sauvage et bling-bling, comme nous !

Y a-t-il un fashion faux-pas qui vous poursuit ?
S :
Plein ! Les robes vintage craquent et se déchirent systématiquement, on passe notre temps à les recoudre. On ose tout et n'importe quoi. Heureusement, le ridicule ne tue pas !

Vous accordez beaucoup d'importance à l'image, à vos tenues, et c'est très réussi. Vos clips sont des bijoux, mais un débat agite les forums : c'est quoi ces énormes binocles qui ne quittent jamais votre nez, Sylvie ?
S :
Ce sont des lunettes de vue. Je voulais un truc qui sorte de l'ordinaire. Un opticien a pris des montures de solaires pour y mettre des verres correcteurs. Aurélie s'est extasiée "c'est génial", il faut que tu les gardes pendant les concerts, à la télé, tout le temps. Je pensais que c'était exagéré...
A : Mais non, les choses qui se remarquent sont toujours de bons choix. Une femme qui a un collant filé est gênée, pourtant, les hommes se retournent sur son passage. Il faut attirer le regard. A défaut de plaire, il faut choquer !