Boire durant la grossesse, un crime au Royaume-Uni

Outre-Manche, alors qu'une fillette est frappée du trouble d'alcoolisation fœtale, la consommation d'alcool pendant la grossesse pourrait bientôt devenir un délit.

L'histoire est inédite : la deuxième plus haute autorité judiciaire de Grande-Bretagne doit bientôt se pencher sur le cas d'une enfant frappée du trouble d'alcoolisation fœtale et statuer sur la culpabilité de sa mère : la fillette, âgée de 6 ans, est atteinte de dommages au cerveau.
Neil Sugarman, du cabinet GLP Solicitors, n'hésite pas à parler "d'empoisonnement", et affirme : "Dans tous les cas que nous défendons, les mères ont reçu des avertissements répétés de la part des équipes médicales chargées du suivi de leur grossesse. Elles avaient connaissance des risques". L'affaire, qui doit pour l'instant être rejugée en cours d'appel, pourrait, si elle décidait d'aller dans le sens du plaignant, faire jurisprudence : par conséquent, la consommation d'alcool pendant la grossesse deviendrait un crime devant la loi, répréhensible sur l'ensemble du territoire britannique. 

Mais le SAF, qu'est-ce que c'est exactement ? Le syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) est la conséquence d'une exposition importante à l'alcool, quotidienne ou épisodique, durant les périodes embryonnaire et fœtale. Il se manifeste par des anomalies physiques caractéristiques, un dysfonctionnement du système nerveux central et des retards de développement avant et après la naissance. C'est en 1968 que le pédiatre français Paul Lemoine décrit pour la première fois ce qui allait s'appeler le syndrome d'alcoolisation fœtale. Aux Etats-Unis par exemple, les lois et les mœurs sont beaucoup moins souples qu'en Europe à ce sujet, notamment depuis 1981, où le directeur du service de la santé publique a commencé à avertir les femmes sur le danger de l'alcool.

Selon le ministère de la Santé, ce trouble du spectre de l'alcoolisation fœtale concernerait chaque année à des niveaux d'intensité variable environ 7000 naissances au Royaume-Uni. Cependant, ce chiffre se doit d'être nuancé, car le lien entre infirmité et habitudes de consommations d'alcool reste encore difficile à évaluer. 

On estime que la moitié des femmes qui consomment de l'alcool continueraient de le faire pendant leur grossesse.