La baronne Philippine de Rothschild est morte
Qui était Phillippine de Rothschild, cette héritière atypique, comédienne et figure emblématique des vins de Bordeaux, décédée dans la nuit de vendredi 22 à samedi 23 août ?
Une femme passionnée de théâtre, d'amitié, de vin et de la vie s'est éteinte dans la nuit du 22 au 23 août.
Hospitalisée au début de l'été, Philippine de Rothschild a succombé à une maladie qui la rongeait depuis des années, la leucémie. A 80 ans, elle laisse derrière elle un petit empire dans la région bordelaise, qu'elle a aimé rénover après la mort de son père. Un drame pour la femme qui avait déjà perdu, très jeune, sa mère, alors déportée dans un des derniers trains qui allaient vers les camps de la mort, en mars 1945...
"Si le nom de Rothschild avait été essentiel dans mes choix de vie, je n'aurais jamais fait ce que j'ai fait", a dit un jour cette personnalité plus qu'étonnante. Porteuse du nom des célèbres financiers britanniques, la baronne a préféré le cacher pour briller sur scène, plus pour ses performances que pour son patronyme. Car la femme était dingue de théâtre.
A 25 ans, elle devient Philippine Pascal et intègre la Comédie-Française (de 1958 à 1964), puis la compagnie Renaud-Barrault (de 1973 à 1987). Elle s'essayait alors aux rôles de soubrette qui, étonnement, lui allaient comme un gant. "Un comble pour une Rothschild", avait-elle ironisé... Cette femme prenait la vie avec légèreté et enthousiasme, mêlant curiosité, humour et énergie dans chacune de ses entreprises. Elle était aussi officier de la Légion d'honneur et officier des Arts et des Lettres.
Le poids de l'héritage d'un grand cru bordelais ne l'a donc pas écrasé lorsqu'elle a dû en reprendre les reines après le décès de son père Philippe en 1988. Au château Mouton-Rothschild, à Bordeaux, "Madame la Baronne" a pris en main la direction des domaines et a développé son élixir jusqu'au Chili, avec un vin nommé Almaviva.
De l'art de la scène à l'art du vignoble, Philippine de Rothschild laisse derrière elle son talent pour donner toujours plus de goût aux petits plaisirs de la vie.
La relève. De ses deux unions avec les fameux comédiens Jacques Sereys et Jean-Pierre de Beaumarchais, elle eut trois enfants : Philippe "le financier", Julien "l'artiste" et Camille. Les fils, déjà associés aux affaires de leur maman, s'apprêtent à gérer l'entreprise "Mouton", déjà particulièrement florissante.
