Robes et épitoges : les costumes de la justice

"L'Hermine" de Christian Vincent, au cinéma le 18 novembre 2015, nous emmène dans une cour d'assises, au cœur d'un procès poignant. L'occasion de découvrir les différents costumes judiciaires et de revenir sur leur histoire.

S’il y a bien un secteur dans lequel le port de la robe est obligatoire, c’est bien celui de la justice. Entre celles des avocats et celles des magistrats, il est parfois difficile de s'y repérer. Mais d'où cette coutume provient-elle ?
Les costumes actuels des "gens de robes" suivent une ancienne tradition datant du XIIIème siècle. La toge d'avocat doit sa forme et sa couleur à son origine religieuse : autrefois, les avocats étaient principalement des ecclésiastiques et la justice était de droit divin. De fait, leur robe s'inspire des soutanes noires et possède parfois 33 boutons, symbolisant l'âge du Christ à sa mort. Il était coutume de porter du noir lors des audiences ordinaires et du rouge pour les audiences solennelles (qui se tenaient en présence du roi), mais cette couleur a été abandonnée par les avocats afin de mieux les différencier des magistrats. Ces derniers, souvent issus de la noblesse, étaient les représentants du pouvoir. Sous l'Ancien Régime, les rois offraient à leurs magistrats des tenues semblables aux leurs ; ce qui explique la couleur rouge de leur uniforme actuel, en référence au pourpre royal.
L'épitoge, cette bande de tissu portée sur la toge (d'où son nom) au niveau de l'épaule gauche, aurait remplacé le chaperon fourré, hérité des clercs, sous la demande de Napoléon Bonaparte. Le rang d'hermine (remplacé aujourd'hui par du lapin) qu'elle contient permet de déterminer le nombre d'années d'études ; pour exemple, les docteurs en droit en ont trois. En revanche, seuls les avocats de province portent la fourrure blanche sur leur épitoge ; ceux de Paris portent habituellement celle dîte "veuve", toute noire. Quant à la toque, elle est tombée en désuétude et désigne désormais le casier où les acteurs du monde judiciaire viennent relever leur courrier, car les cartons des toques servaient de boîtes aux lettres : le nom est resté. Cependant, lors des cérémonies et des audiences solennelles ces couvre-chefs et les gants blancs sont de rigueur. En dehors des tribunaux et de quelques événements particuliers, il est interdit d'endosser son costume.
La robe est indissociable des métiers de la justice : elle rappelle non seulement qu'il s'agit d'un uniforme chargé d'histoire, hérité des siècles passés, mais aussi que sous sa toge, l'homme de justice s'oublie totalement et assume pleinement ses fonctions.