"Putes" et "Boulets" : les sites de rencontre dérapent, la CNIL se fâche

Treize sites de rencontre sont dans le viseur de la CNIL pour des pratiques concernant le fichage de leurs clients et notamment la collecte d’informations sensibles, telles que la communauté religieuse, les pratiques sexuelles ou les opinions politiques. Ils ont trois mois pour se conformer aux recommandations de la Commission.

Après le scandale du piratage de la plateforme de rencontres adultères Ashley Madison, les sites de rencontre font encore parler d'eux. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a mis en demeure treize d'entre eux de modifier leur pratique concernant le fichage de leurs clients, mardi 28 juillet. Ces sites auraient pris des libertés en ce qui concerne le recueil d’informations personnelles des membres inscrits. Face à l'ampleur grandissante de ces sites et de la nature très sensible, voire intime, des données traitées, la CNIL a intégré un contrôle des sites de rencontre à son programme annuel en 2014. L'AFP rapporte que la Commission a constaté en moyenne huit manquements à la loi informatique et liberté de la part de chacune de ces sociétés. "La plupart des sites proposent à leurs utilisateurs une recherche de partenaires très ciblée, par communauté sociale, ethnique ou religieuse, par localisation géographique, en fonction de l'appartenance physique, des pratiques sexuelles ou des opinions politiques", explique la commission.  Or, souligne-t-elle, "ces sites ne recueillent pas le consentement exprès des personnes pour la collecte de données sensibles".      
Le site "Adopte Un Mec" s’est également fait épingler pour des commentaires insultants recensés dans les fichiers de ses clients. Les modérateurs auraient en effet inscrit la mention "pute" sur 131 fiches clients et "boulet" sur 2588 autres, d’après L’Express.    

Trois mois pour agir      

Pour la CNIL, "il est important que les internautes aient conscience de la protection attachée à ces données qui relèvent des éléments clefs de leur intimité". Elle suggère donc aux sites la mise en place d'une "case à cocher" qui permettrait aux utilisateurs de se rendre compte de "la sensibilité des données qu'ils renseignent". Si les sites concernés par cette mise en demeure ne se conforment pas aux mesures prescrites dans un délai de trois mois, ils seront en infraction. Ils risquent alors une sanction financière de la part de la CNIL pouvant aller de 150.000 à 300.00 euros. En cas de récidive, ils encourent une amende de 1,5 million d'euros et les responsables pourront être condamnés à cinq ans de prison. 

© Sergii Mostovyi