Les réfugiées syriennes, mariées de plus en plus jeunes

L’ONG internationale CARE alerte sur le nombre de mariages précoces qui attendent les jeunes filles réfugiées syriennes. Le nombre d’unions a triplé depuis 2011 et s’accompagnent de nombreuses répercussions telles que les abus sexuels, la déscolarisation, les grossesses …

Les réfugiés syriens forcés de fuir le conflit dans leur  pays se retrouvent dans la précarité. En Jordanie, 70 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté local selon une étude de l’ONG CARE. C’est cette précarité qui pousse les familles à marier leur fille le plus rapidement possible pour ne plus avoir à s’en occuper et limiter les coups financiers. L’ONG a enregistré une très forte augmentation de ces mariages depuis 2011. En effet " le nombre de mariées syriennes en Jordanie a triplé en quatre ans : en 2011 les filles de 15 à 17 ans représentaient 12% des mariées ; en 2013 elles étaient 25%;  début 2014, 32% ". De plus, la moitié des jeunes filles se retrouvent avec des hommes qui ont "au moins dix ans de plus" qu’elles. Cette enquête de CARE nous renseigne précisément sur le phénomène des réfugiées syriennes en Jordanie, mais ces adolescentes vivent la même situation au Liban et en Turquie.
Outre le fait que ces mariages forcés ne respectent pas les droits fondamentaux des jeunes filles, ils entraînent de nombreux abus. Le directeur de l’ONG CARE France, Philippe Lévêque raconte : "Les mariages précoces exposent au viol domestique et aux agressions physiques. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette forme d’esclavage sexuel. Ils mettent également en danger la vie des jeunes filles qui deviennent mères bien trop jeunes."
Ces filles entrent aussi dans ce cercle vicieux de l’exclusion et se retrouve parfois sans identité légale. Pour enfoncer le clou sur leur condition abjecte,  lorsque les jeunes mères se font rejeter par leur mari, "elles sont isolées socialement et ont peu de chance de se remarier n’étant plus vierges". CARE tire la sonnette d’alarme et demande aux organismes humanitaires d’accroître leurs efforts en matière de prévention auprès des familles de réfugiés.     

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