Mort d'Abdallah, roi d'Arabie saoudite et réformateur frileux des droits des femmes

Abdallah Ben Abdel Aziz Al-Saoud, roi d'Arabie saoudite et gardien des deux saintes mosquées est décédé ce vendredi. Retour sur son règne marqué par une lutte contre l'islam radical, mais de faibles avancées de la condition de la femme.

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a succombé à une pneumonie. Il s'est éteint ce 23 janvier et le prince Salmane, son demi-frère, âgé de 79 ans, lui a succédé sur le trône.
Monarque le plus aimé depuis Fayçal, Abdallah est resté à la tête du royaume saoudien pendant une décennie. Agé d’environ 90 ans (sa date de naissance reste inconnue), sa santé se dégradait depuis le 31 décembre après de multiples hospitalisations.
Tiraillé entre les ailes libérale et conservatrice de la famille royale, reconnu pour sa probité face à la corruption, le roi Abdallah est connu pour avoir gardé son pays au rang de première puissance pétrolière mondiale, malgré les crises du monde arabe. Par ailleurs, face à la montée fulgurante du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, l’Arabie saoudite, qui habite les deux premiers lieux saints de l’islam, a rejoint  la coalition internationale et participé aux raids contre ces jihadistes actifs proches du royaume.
Sa disparition dans un contexte de menace de Daesh a suscité une vive émotion au sein des dirigeants du monde entier. Le président de la République, François Hollande a "salué la mémoire d’un homme d’Etat dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus jamais d’actualité".  Mais le roi Abdallah a aussi déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la place de la femme dans la société.

La démocratie avançait, mais voilée...
Certes, en  2005, Sa Majesté a organisé les premières élections municipales partielles. En 2011, il a accordé aux femmes le droit de vote et celui de se porter candidates. "Parce que nous nous refusons à les marginaliser, mais voulons rester dans le cadre des règles de la charia (...), nous avons décidé, après avoir consulté les oulémas et d'autres personnalités, d'associer les femmes dans le Conseil de la Choura en qualité de membres à compter de la prochaine législature", avait déclaré le souverain wahhabite. "Dans notre histoire, les Musulmanes ont pris des positions qui reflétaient des opinions et des conseils justes", avait-il ajouté, citant des exemples tirés de l'époque du prophète Mahomet. Il avait aussi reconnu le "désir de plus grandes libertés" et d'une "modernisation équilibrée".

La décision, considérée comme une avancée majeure, avait éclipsé la campagne électorale. Malgré leur frustration de devoir attendre le scrutin de 2015 avant de pouvoir s'engager dans la vie politique, les Saoudiennes avaient unanimement salué les déclarations du roi. Dans une société qui applique une interprétation rigoriste des préceptes de l'islam, l'évolution des mœurs semblait en marche...  mais insuffisante. "Cette annonce ne va pas assez loin sur la longue route vers l'égalité des sexes", estime Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty international. "C'est l'ensemble du système qui subordonne les femmes aux hommes qui doit être démonté", a-t-il insisté.

Peu de pouvoir réel

Le pays, conservateur, n'accepte aucun parti politique, et tous les ministres sont nommés par le roi. Le droit de vote des femmes serait donc avant tout symbolique, dans un régime qui reste autoritaire. En Arabie saoudite, les femmes ne peuvent pas étudier, travailler, voyager ou subir d'interventions chirurgicales sans l'autorisation d'un mâle de leur parenté. Celles qui osent prendre le volant ou aller au restaurant sont durement flagellées pour de telles provocations.

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