Le difficile combat pour la contraception des femmes au Burkina Faso

Le Burkina Faso s'apprête à élire un nouveau gouvernement le 29 novembre et celui-ci devra faire face à un défi de taille : informer les femmes et leur garantir un accès libre à la contraception. Beaucoup d'entre elles sont en effet devenues mères par la force des choses et non par choix.

Le difficile combat pour la contraception des femmes au Burkina Faso

Suite au coup d'Etat du 17 septembre 2015 et la destitution du président intérimaire Michel Kafando, un nouveau gouvernement sera élu le 29 novembre au Burkina Faso. Les futurs représentants du pays auront à relever de nombreux défis et notamment, en ce qui concerne la condition de la population féminine. En effet, de nombreuses femmes subissent des grossesses non désirées, faute de renseignement et d'accès à des moyens de contraception. Pour illustrer ce déficit d'information, Amnesty International rapporte le témoignage de Nathalie, mère de 4 enfants et qui a découvert la pilule sur le tard.
La jeune femme raconte que sa première grossesse n'était pas désirée et qu'elle ignorait "qu’on pouvait tomber enceinte après une relation sexuelle". Elle a accouché de ses trois premiers enfants chez elle et a entendu parler de contraception pour la première fois trois ans après la naissance de son petit dernier. "Mon amie m’a donné une plaquette de pilules. Je ne savais pas combien il fallait en prendre, ni à quelle fréquence, donc j’en prenais une après chaque relation sexuelle. Lorsque j’ai eu l’occasion de me rendre au centre de santé en secret, l’infirmier m’a demandé de revenir après mes règles. Mais celles-ci ne sont jamais venues et lorsque je suis retournée au centre de santé, l’infirmier m’a dit que j’étais enceinte. C’était trop tard". 
Cette démarche, Nathalie l'a faite seule et n'a jamais osé en parler à son compagnon et à sa famille pour qui "la grossesse était un don de Dieu" et qui estimait "qu’il ne fallait pas s’opposer à sa décision". Résignée, la jeune femme porte un regard sombre sur sa situation et lance un appel : "Si mon compagnon et sa famille avaient été d’accord, je n’aurais pas eu de quatrième enfant. Je suis retournée chez mes parents car nous ne sommes toujours pas mariés. Actuellement, je n’ai pas d’argent pour suivre un traitement contraceptif. Je suis fatiguée et je ne veux plus avoir d’enfants. Il faut réduire le prix de la contraception.
Amnesty International a lancé une pétition pour lever les obstacles auxquels sont confrontées les Burkinabaises en matière de contraception. L'ONG demande la gratuité des méthodes contraceptives et une amélioration de l'accès des femmes et filles à l’information sur la santé sexuelle et aux services qui y sont liés. Parce qu'il s'agit d'un de leurs droits fondamentaux et que "les femmes ont le droit de décider". Le prochain gouvernement entendra-t-il cet appel ?