La coquetterie d'Aquilino Morelle ou l'histoire du cireur de chaussures de l'Elysée

Quand Aquilino Morelle, l'un des (ex) conseillers de François Hollande, s'offre les services d'un cireur de chaussures, ça fait du bruit à l'Elysée.

Aquilino Morelle, conseiller politique de François Hollande, a été contraint vendredi de démissionner au lendemain de révélations très embarrassantes pour l'exécutif au moment où il lance un plan drastique de 50 milliards d'économies.
Jeudi, dans une enquête au vitriol, le site d'information Médiapart avait accusé le conseiller élyséen d'avoir touché en 2007 12.500 euros d'un laboratoire danois, Lundbeck, alors qu'il était en poste à l'Igas (Inspection générale des Affaires sociales). Plus symbolique mais tout aussi embarrassante est la scène, rapportée par Mediapart, où celui que l'on surnomme le "petit marquis' se faisait cirer ses nombreuses et luxueuses chaussures dans un salon de l'hôtel Marigny...
Tout commence au Bon Marché, grand magasin de la rive gauche de Paris : c'est ici que, pour la première fois, David Ysebaert cire les chaussures d'Aquilino Morelle. Puis, le spécialiste du cuir se rend au Palais pour les beaux souliers du conseiller politique de François Hollande. "Je cire les chaussures d'Aquilino Morelle en effet depuis un an et demi. Je l'ai connu au Bon Marché, comme 80 % de ma clientèle. Est-ce que je cire les chaussures de l'Élysée ? C'est un secret. François Hollande ? Je ne vous répondrai pas. Je me rends à l'Élysée pour accomplir ma tâche. Mais pas pour rien. Je suis en Seine-et-Marne, je dois rentabiliser mes déplacements", confie-t-il au Point dans un article daté du 17 avril. 
Selon Mediapart, Aquilino Morelle aurait même fait privatiser un salon de l'hôtel Marigny à deux reprises pour se faire cirer les chaussures "au milieu de cette pièce toute en dorures". 

Qui est vraiment Aquilino Morelle ?  Le JDD le décrit comme un homme au goût de "revanche sociale". Médecine, Sciences-Po, l'ENA, voilà le curriculum vitae de l'homme qui écrit les discours de François Hollande (ou plutôt qui les faisait écrire, de la plume de Paul Bernard), a écrit ceux de Lionel Jospin et qui fût le directeur de campagne d'Arnaud Montebourg durant la primaire socialiste. Il est également professeur à mi-temps à la Sorbonne.
D'origines modestes, Aquilino Morelle déclare au magazine Les Echos en 2013 : "Ce qui est dur, c'est de voir les ouvriers pleurer". Pourtant, comme le souligne Mediapart, ces manières choquent : "La façon dont il s'adresse au petit personnel, l'utilise, le terrorise. Et les abus sont multiples". Après avoir été mis en retrait quelques mois par François Hollande, Aquilino Morelle était revenu de plus belle au moment de l'affaire Gayet, après "plusieurs ratés dans le communication présidentielle". Au lieu de redorer le blason présidentiel, c'est une image assassine que renvoie celui qui inspira très largement le fameux discours socialiste du Bourget de janvier 2012. "Des conseillers comme ça, c'est une plaie", fulminait vendredi un ministre proche du chef de l'Etat.

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Aquilino Morelle © Sipa