Présidentielle : François Hollande embrasse son destin

 Vainqueur de l'élection, le Socialiste s'est dit dimanche soir à Tulle "fier d'avoir été capable de redonner espoir" et a assuré qu'il serait "le président de tous. Il a déjà déclaré vouloir être jugé à l'issue de son mandat sur "deux engagements majeurs": "justice" et "jeunesse".

Celui qui "aime les gens plus que l'argent", devient à 57 ans le second leader de gauche de la Ve République, coiffant au poteau un Nicolas Sarkozy souvent accusé de diviser les Français.

Issu d'une famille de la petite bourgeoisie, François Hollande développe des convictions politiques à l'opposé de celles de son père médecin, partisan de l'Algérie française. Etudiant à Sciences Po, il milite à l'UNEF. Après avoir fait HEC et l'ENA, il devient en 1980 auditeur à la Cour des comptes. Adhérent du PS depuis 1979, il participe à la campagne victorieuse de François Mitterrand en 1981 puis travaille un temps à l'Elysée.
Il plante ensuite ses racines en Corrèze, se faisant élire député en 1988 sur les terres de Jacques Chirac. Il a aussi été maire de Tulle de 2001 à 2008 et préside actuellement le conseil général de ce département rural.

Eclipse médiatique

Alors qu'éclate le scandale du Sofitel et que Dominique Strauss-Kahn est acculé à New York, François Hollande, lui, sort d'une "traversée, non du désert mais du plateau de Millevaches", comme il l'écrit lui-même. Cela fait trois ans qu'il a quitté la direction du Parti socialiste, confiée à Martine Aubry.

Pendant ses 11 ans à la tête de la rue de Solférino, sa rondeur et sa bonhomie ont parfois été assimilées à un manque de poigne. Pourtant doué d'une répartie féroce, il a été surnommé "Flanby" ou comparé à une inoffensive "fraise des bois". S'il n'a jamais été à la tête d'un ministère, François Hollande fait valoir qu'il a été "associé" en tant que Premier secrétaire du PS "à toutes les décisions de la gauche plurielle" du gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002). Lorsque ce dernier est évincé par Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002, François Hollande est profondément marqué. Il se promet de ne "pas revivre cet effroi, cet accablement" d'une qualification de l'extrême droite au second tour.

Coup de foudre

Le Premier secrétaire arrive à redresser la barre du PS transformé en bateau ivre. En 2004, les vagues roses des Régionales puis des Européennes sont perçues comme des succès personnels, mais l'homme continue d'incarner comme la figure de la "synthèse molle"."Je préfère un bon et durable compromis à un passage en force qui ne règle rien", vient de s'expliquer le Rouennais. Ségolène Royal, qui a eu avec lui quatre enfants, a assuré de son côté qu'il avait du "caractère": "Sa capacité à présenter un projet, à le défendre de façon forte et crédible est bien la preuve qu'il n'est pas mou".

En 2010, François Hollande est apparaît aminci et rajeuni aux côtés de sa nouvelle compagne, Valérie Trierweiler, journaliste à Paris Match. Il dit qu'elle lui a apporté "le bonheur personnel" indispensable pour mener une bataille présidentielle. 

Pour vivre heureux, vivons cachés...

En union libre, les amoureux ont par ailleurs laissé entendre qu'ils ne vivraient pas au Palais, sans préciser quel lieu de résidence le couple choisirait.

"Je serai le plus proche possible des Français, le plus à l'écoute", a promis celui qui entend être un "président normal". Durant la campagne, François Hollande a levé un peu le voile sur son intimité. Il a confié aimer Léo Ferré mais écouter Joe Dassin en voiture. Au cinéma, il a été marqué enfant par "Spartacus" de Stanley Kubrick, mais cite comme ses films préférés "Sous le sable" de François Ozon, "Baisers volés" de François Truffaut et "Ma nuit chez Maud" d'Eric Rohmer. Après la publication de photos de lui au supermarché, il a confirmé apprécier la compote "avec des morceaux". Salade... ou fruit de vos amours : voilà un tendre qui va devoir jouer les gros durs.