Peggy Pascal : ses 'it bags" potagers vont faire le tour du monde

Le 7 mars 2013, elle donnait naissance à un petit Sacha. Le lendemain, Peggy Pascal recevait sous des yeux ébahis le prix Terre de Femmes de la Fondation Yves Rocher pour son action au Kenya. Rencontre avec cette graine d'aventurière devenue une voyageuse engagée, sur le point d'entamer un nouvel épisode de sa vie.

Peggy Pascal : ses 'it bags" potagers vont faire le tour du monde

Fatiguée, heureuse et émue aux larmes, Peggy Pascal a bluffé l'assemblée par sa présence le lendemain de son accouchement. Elle est la lauréate France du prix Terre de Femmes, décerné par la Fondation Yves Rocher pour son action au Kenya : le concept des sacs potagers, elle l'a développé dans les bidonvilles de Nairobi en 2008. Cette année, l'ONG Solidarités International recense près de 240 000 sacs dans les cinq bidonvilles de la capitale. "Nul besoin de grands espaces, ni de gros moyens pour faire pousser ses légumes, explique Peggy, sept sacs installés au pied d'un baraquement suffisent à faire un repas par jour pendant sept jours. En plus de répondre à des besoins primaires et alimentaires, les sacs ont changé le visage de ces quartiers pauvres. Les populations ont commencé à nettoyer les ruelles, la verdure a redonné le sourire aux gens. Mais ces petits sacs potagers ont surtout recréé du lien social, du dialogue et de la solidarité au cœur d'une société marquée par les tensions interethniques."

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Peggy, Ivan et Sacha le 10 mars 2013 © Peggy Pascal

Grâce aux 10 000 euros versés par la Fondation Yves Rocher à l'ONG, la lauréate de 36 ans contribue à la poursuite de ce projet au Kenya et à Haïti. Mais cette voyageuse tout terrain a décidé de changer de cap : continuer à aider, mais de plus loin et d'une autre façon.

 

"A 4 ans déjà, je voulais être aventurière !" 

Issue d'une famille rurale du sud de la France et grande sœur d'un frère adopté à 16 mois, qui s'avère être handicapé mental, Peggy développe toute petite une grande envie d'aider et peut-être déjà, un besoin de s'évader. "Cela a marqué mon enfance, c'est certain, et a fait naître très tôt une "aversion" contre l'injustice", confie-t-elle.

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Etudiante © Peggy Pascal

DEUG d'histoire-géo en poche, puis diplôme d'anglais à Oxford, Maîtrise d'aménagement du territoire puis DESS dans une école d'ingénieur spécialisée dans le monde tropical... Peggy est bardée de diplômes. C'est aussi le début de l'aventure : direction le Centrafrique en tant que prof d'histoire-géo. "Je me suis retrouvée avec une bonne-sœur raciste en tant que directrice, plutôt mauvaise première expérience", se souvient-elle. Qu'à cela ne tienne, elle part au Burkina Faso pour une immersion totale, où elle ne verra "pas un blanc pendant quatre mois".

 

Kenya : là où germe l'idée des sacs potagers

Peggy a 25 ans. Pendant 5 mois, c'est au Kenya qu'elle pose ses valises et plantes ses pioches pour "reproduire les conditions climatiques de la pluie sur une parcelle de 1m²"... Alors, sympa ? "La science pure et dure, ce n'est pas mon truc ! Mais j'ai aimé passer du temps avec les gens du pays. Et surtout, j'ai compris qu'on ne peut pas interdire à une population qui dépend essentiellement de la forêt de se servir de ses ressources naturelles". Elle y retournera quelques années plus tard pour développer le projet de sacs potagers, récompensé par la Fondation Yves Rocher.

29 ans : mission Afghanistan

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En Afghanistan © Peggy Pascal

Missionnée par le gouvernement afghan et les Nations Unies, elle part seule pour développer sur place le bureau de l'ONG Groupe URD : au bout de 3 ans, elle dirige une équipe de recherche de 12 personnes sur la condition de femmes très pauvres en Afghanistan. "J'ai d'ailleurs découvert que leur problème n'était pas la Bürqa, un signe de richesse très convoité là-bas. Il est bien plus profond et complexe que cela. J'ai appris à voir les choses avec plus de nuances et à prendre de la distance." Puis elle passera 5 ans chez Solidarités International où elle développera son projet phare, celui des sacs potagers, qui connaît aujourd'hui un véritable succès.

 

2013 : maman, le début d'une nouvelle aventure

"Sacha ? Il est cool !" s'enthousiasme-t-elle alors qu'on l'entend gazouiller tout au long de l'interview à l'autre bout du téléphone. Avec la naissance de son petit garçon, Peggy écrit une nouvelle page de sa vie. "Aujourd'hui, j'ai décidé de ralentir mon activité dans l'humanitaire pour me consacrer à l'acupuncture, une autre façon de soigner finalement. Mais je continuerai à participer à quelques missions ponctuelles." Encore 3 ans d'études et elle pourra exercer. "Ce qui me plaît dans ce métier, c'est voyager et rencontrer des gens différents. Finalement je vais juste garder ce que je préfère et tenter de transmettre à mon fils le goût de la découverte et de l'ouverture au monde."

Regarder la vidéo où Peggy explique l'utilisation des sacs potagers au Kenya :